La famille des Gordini.(2)

Einstein était son petit chien. Il jappait toujours pour un rien et semblait obtenir de sa maîtresse, toutes les caresses qu'un homme aimerait recevoir, à quatre pattes sous une table en tirant la nappe et sa langue. On disait de lui qu'il était la réincarnation de l'absolu, que sa petite taille contenait plus d'énergie qu'elle n'avait de matière, que son regard filait 3 fois plus vite que la vitesse de la lumière, et que ses dents étaient pointues comme celles du loup. Ma grand-mère disait aussi, qu'il devait peser pas plus qu'un bocal de petits pois, soit approximativement 2 kilos de mange-tout chez les fainéants du monde moderne.

- Il saute sur tout ce qui bouge ce chien... comme ton grand-père !

Ma grand-mère aimait beaucoup la femme à la Gordini rouge. Elle aimait son allure sauvage et les collants 'Founky' des Etats-Unis d'Amérique qu'elle ramenait et portait de ses voyages. Elle avait selon elle, un amant là-bas parce qu'une si belle femme dans le village ne pouvait pas tenir si longtemps ses bouffées de chaleur sans que cela ne se sache, que même l'idiot du coin, celui qui a le petit dérailleur monté sur l'guidon, il était déjà aller renifler ses petites culottes sur son fil à linge en pensant qu'il en saurait plus ! Le couillon !

Dans le téléviseur de la cuisine, Neil Armstrong venait de mettre un pied sur la lune. J'avais 6 ans et beaucoup d'appétit ce jour-là. Nous étions le dimanche 21 juillet 1969, mon grand-père rentrait comme à son habitude bredouille et bourré de la chasse, en marmonnant que crévindiou il était pas passé loin le foutu bestiau...