La femme aux 7 maris

Eka Abassi

Une femme avait sept maris. Une sorcière jalouse lui avait jeté un sort, et le jour même de son mariage l’homme qu’elle épousa devint une nation. Le samedi il était coq, le dimanche il était boeuf, le lundi il était dragon, le mardi il était lapin, le mercredi éléphant, le jeudi chat, et le vendredi chien. De semaine en semaine la femme chaque jour du bon dieu était mariée à une bête différente. Un jour qu’elle était très fatiguée, elle alla demander conseil à sa marraine:

Marraine, j’ai perdu mon homme. Tous les jours c’est une nouvelle bête que je dois satisfaire et nourrir. Un jour il est grand et gros comme l’éléphant, un autre jour il dort toute la journée comme le chat ou disparait de la maison comme le chien. Mon mari est un animal. Je suis tombée amoureuse d’un homme, marraine s’il te plais aide moi, aide moi à retrouver l’homme que j’ai épousé!

La marraine lui donna un fil.

Ma fille attache ce fil au plus petit orteil de ton mari la nuit quand il dormira, et chante ceci à minuit précise:

sambi, sambi woye

sambi malako woye

sambi malaki vini vini

Eka

C’est une chanson magique pour retrouver ce que l’on a perdu. Mais ne lâche pas le fil surtout. Ne lâche pas le fil. Minuit n’oublies pas.

La femme la nuit venue fit ce que lui avait recommandé la marraine.

Son mari endormi elle fit un noeud à son orteil, tint le fil et attendit les coups de minuit. Mais la malheureuse était tellement épuisée qu’elle s’endormit elle aussi, bien avant minuit et ne chanta la chanson que dans ses rêves.

Au petit matin son mari avait disparu.

Marraine mon mari a disparu pleura elle.

Tu as lâché le fil ma fille, tu as lâché le fil. 

J’ai du m’endormir, j’étais si épuisée. Que faire marraine, que faire? Où est mon homme?

Va dans la forêt. C’est tout ce que je peux te dire. Là tu trouveras la réponse à ta question.

La femme partie dans la forêt. Elle marcha, elle marcha, elle marcha. Vint le moment où trop fatigué elle dû s’allonger pour dormir. Sur le point de sombrer dans le sommeil elle trouva un nid. 3 oisillons piaillaient de faim.

Donne nous du pain, donne nous du pain criaient les oisillons

Je n’ai pas de pain dit la femme

Alors va en demander à la sorcière. Nous avons tellement faim, tellement faim.

La femme ne savait pas où trouver la sorcière.

La sorcière vit dans un arbre, elle ne sort qu’à la lune rouge. Donnes nous du pain, donnes nous du pain

La femme alla demander aux arbres s’ils abritaient une sorcière. Mais les arbres restèrent muets. C’est agouti qui peiné de voir la femme porter le silence lui dit:

Je sais où vis la sorcière. Mais il faudra me nourrir moi aussi si je te dis où elle est.

La femme accepta. L’agouti lui indiqua l’arbre. C’était un arbre qui n’avait ni fleurs ni fruits. Sur ses branches affamées tendues vers le ciel en prière, il ne comptait plus qu’une feuille.

La femme attendit que vienne le temps de la lune rouge.

Le temps vint. La sorcière sortit de son arbre. La femme attendit qu’elle s’éloigne et rentra dans sa demeure. Elle ne trouva pas de pain mais trouva la farine, l’eau et le levain pour en cuisiner. Elle fit donc du pain.

L’agouti sur ses pas, lui murmurait de ne pas l’oublier, que lui aussi avait très faim. Comme il voulait l’aider il lui dit:

Tiens la dernière feuille de l’arbre. Notre pain aura meilleur goût.

La femme apeuré dit à agouti

Tu n’aurais pas dû. J’ai pris soin de prendre si peu de farine, si peu d’eau et si peu de levain que la sorcière ne s’appercevra même pas de notre venue. Mais maintenant que tu as pris la dernière feuille sur son arbre nous devrons affronter sa colère. Partons vite.

Ils n’eurent pas le temps de fuir, déjà la sorcière revenait. La femme face à la sorcière en colère se protégea avec la seule magie qu’elle connaissait; la chanson de sa marraine. Elle chanta:

sambi, sambi woye

sambi malako woye

sambi malaki vini vini

éka

La sorcière éclata de rire.

Tu ne retrouveras pas ton mari. Et te voila maintenant à ma merci. Ta magie n’a aucun effet sur moi.

La sorcière avait dit vrai. La chanson n’avait aucun pouvoir sur elle. Mais l’arbre bercé par la chanson se remit à vivre. L’arbre refleuri alors que la chanson de la femme le caressait. L’arbre porta des fruits en offrande à la chanson qui l’avait guéri. La sorcière inquiète de perdre sa maison entra dans l’arbre qui déjà refermait son tronc, comme on cicatrise une blessure. La sorcière disparu dans l’arbre qui l’avala. L’arbre était en vie. La femme l’avait sauvé.

La femme pu nourrir les oisillons avec le pain qu’elle avait fait. Ils n’eurent plus jamais faim. L’agouti préféra manger les fruits de l’arbre guéri.

La femme rentra chez elle. Son mari l’attendait.

Où est mon dîner femme?

La femme lui donna du pain. Mais l’homme refusa d’en manger. Il mit ses chaussures et la femme fut délivrée des 7 bêtes qu’elle avait eu le malheur d’épouser.

La femme resta seule avec l’arbre guéri à qui elle donna le nom Bois-agouti.

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