La femme-tempête

chleurk

Elle était là, immobile, debout dans le vent, les bras écartés de son corps. Magnifique. Ses longues boucles flottaient dans les airs s'éparpillant autour de son visage fin. Malgré moi je frissonnai. Une aura émanait de son corps, à la fois attirant et effrayant. Je la découvrais sous un nouveau jour, une facette que je n'avais encore jamais vue.

En une seconde ses bras s'élevèrent et elle frappa dans ses mains au-dessus d'elle. Un éclair déchira le ciel. Le vent souffla et je m'accrochai à mon manteau pour le garder près de moi. Je l'implorai de mon regard, silencieusement. Il fallait qu'elle s'arrête, qu'elle cesse tout cela. Mais elle s'éleva, marchant littéralement dans le vide. Elle était désormais hors de portée, se tenant à cinq mètres au-dessus du sol. Elle devait revenir ou il serait trop tard.

Autour de nous, les éléments se déchaînaient. Un tourbillon de vent glacé et de gouttes d'eau nous battait au corps mais elle ne s'en souciait pas. Elle renversa sa tête en arrière et éclata de rire. Un rire froid plein de folie. Un nouvel éclair illumina le ciel, foudroyant un arbre dans la vallée en contrebas. Il prit feu en un instant puis s'éteignit, calciné.

Il fallait que j'agisse, que je la calme, que tout cesse.

-          Arrête ! m'entendis-je hurler dans la tempête. Ça suffit ! Arrête !

Elle tourna vers moi ses yeux flamboyant de colère, terrifiante et majestueuse.

-          Je t'en supplie, arrête, murmurai-je.

La tempête s'apaisa doucement et elle redescendit sur la terre ferme. Dès que ses pieds touchèrent le sol, elle s'effondra, soudain épuisée. Ses cheveux trempés collaient ses joues humides. Elle semblait si fragile, si vulnérable. Je m'approchai d'elle et la pris délicatement dans mes bras. Ses doigts agrippèrent le bord de mon manteau. Je la berçai tendrement, caressant son front de ma main glacée.

-          Tout va bien. C'est fini. Tout est fini.

Mais ça ne venait que de commencer…

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