la Fête des Mères

woody

Fête des Mères ?

Je me réveille et je réalise que c’est aujourd’hui. La deuxième année que je me réveille ce fameux jour avec la boule au ventre… C’est plutôt marrant d’avoir la boule au ventre le jour de la Fête de la Mère… Moi je dirais plutôt « Fête de l’amer »… Sans vous raconter ma vie, si je vous dis que je n’ai pas vu mes deux filles depuis 18 mois, cela vous paraîtra long à vous aussi… Tiens, ça aussi c’est amusant : 18 mois c’est le temps de mes deux grossesses réunies, il vaut mieux en sourire…

Etre séparée d’un homme, c’est somme toute assez banal, c’est vrai que c’est moi qui suis partie, car je voulais une vie plus en accord avec moi-même, mais de là à m’imaginer que mes deux filles allaient me rejeter et disparaître de mon univers, je ne l’imaginais pas, c’était impossible … Découvrir l’absence, le silence, ces visages aimés gravés en moi qui m’apparaissent à tout moment avec leurs moues ou leur sourires. Ils me manquent tellement ces corps qui bougeaient, qui vivaient, avec leur indépendance certes, mais nous partagions le même univers. On se côtoyait, on se touchait, on se ressentait, on se regardait, on s’embrassait, on se prenait dans les bras… On s’Aimait quoi… Comme des corps unis par les liens du sang et de la chair… Nous nous étions accompagnées pendant si longtemps, nous avions grandies ensemble et avions vécu tant de joies !

 Je n’ai pas beaucoup d’effort à faire pour les revoir surgir de mon ventre avec leurs petites têtes fripées et rougeaudes, c’était hier ! La vie est un long fleuve injuste ! Arriver à être soi tout en vivant avec d’autres, pouvoir aimer et se réaliser, évoluer, changer et se rendre compte un jour que la vie est ailleurs, que son épanouissement est peut-être avec une autre personne. Et un jour on prend une décision. Grave. Oui, le couple se sépare…Banalement tragique, et cela dure depuis des siècles…

Je suis partie et mes filles m’en ont voulu, elles n’ont pas compris, je faisais exploser le cadre, la cellule rassurante de la famille, leur existence n’allait plus jamais être la même. Je leur imposais une souffrance et un avenir incertain. Elles m’ont dit « égoïste ». Pourtant je les ai rassurées, mon Amour pour elles était intact, on allait vivre ensemble mais pas tout le temps et différemment. Elles m’ont regardée durement… les yeux pleins de larmes, l’horreur, le pire jour de ma vie, la descente aux Enfers.

Je peux comprendre leur incompréhension, mais je pleure leur absence, tous les jours… Ne plus partager leur quotidien et leurs soucis, ne plus remplir mon rôle de mère, rester sans nouvelles, aucune réponse à mes courriers, le vide absolu, abyssal…

Alors vous comprenez, me remémorer les Fêtes des Mères avec des poèmes d’enfants récités en balbutiant, les mains collées dans le dos, les tableaux improbables en nouilles colorées et les sculptures en pâte à sel, et surtout, la caresse de papillon sur ma joue avec leurs petites lèvres humides de plaisir, leurs sourires triomphant et cet Amour Absolu dans leurs yeux ! Tout cela me fige. Vivement ce soir, vite, dormir pour oublier.

17H. L’interphone grésille et me fait sursauter. Une petite voix un peu tremblotante. « Maman ? » Un silence. Ma gorge ne peut laisser passer aucun son. « On peut monter ? » J’appuie sur le bouton. J’entends la porte du bas s’ouvrir…

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