La fille du port

Lutécia Cendrelle

« À regarder les femmes ainsi, un jour tu rencontreras la fille qui te fera tourner la tête, je n'y peux rien. Je ne lutterai pas. Nous avons juste à l'attendre… »

 

C'est ce qu'elle m'avait dit, Ambre, me voyant hypnotisé par une femme désirable qui passait près de nous.

 

J'ai toujours regardé les jolies filles dans la rue. J'aime les voir marcher, se déhancher, éclabousser mes yeux d'embruns d'émoi, tracer un chemin devant moi. La voie de l'envie.

J'ai toujours été attiré par la féminité, la sensualité, la félinitude…

J'ai toujours aimé leur parfum, les effluves du désir qui vous emmènent au bord du précivice.

Envie de plonger, mais la raison l'emporte. Souvent…

 

Elle s'en fiche ma femme. Ambre n'est pas jalouse, elle sait que je suis fidèle. Enfin, elle ne devine pas tout. Moi non plus je ne connais pas toute sa vie, elle a sûrement des secrets comme dans tout couple. Nous vivons sans y penser et nous nous régalons quand nos yeux sont envahis de belles choses.

 

Quand je vis Syrine onduler au milieu des bateaux du port, la vieille phrase d'Ambre refit surface. Elle était le type de femme avec qui il m'aurait été possible de faire des écarts importants.

Elle marchait tranquillement au bord du quai, levant délicatement ses longues jambes pour éviter les cordages des voiliers en bois et des barques de pêcheurs.

Elle était jeune, le dos nu, le cul moulé dans un short d'été très court, les fesses rondes débordantes, dessinant comme un sourire visible. Un appel au désir.

Son fessier ferme se balançait, et quand je l'aperçus, mes yeux ne quittèrent plus son corps. Elle s'arrêta pour observer la vitrine d'une échoppe, puis elle tourna sur la gauche, pour disparaître dans une ruelle.

Je sentis comme un vide. Une absence qui me fit accélérer.

Je décidai de la suivre, mais elle s'était envolée.

Avais-je rêvé, fantasmé cette femme du port ?

Au loin, je l'aperçus sous des voûtes de pierres d'une bâtisse ancienne. Je décidai de courir pour ne plus la perdre.

Elle fit demi-tour et je me trouvai idiot… face à elle. Nos regards s'enlacèrent, et elle s'arrêta à ma hauteur pour me demander du feu.

Je n'ai jamais fumé et à ce moment précis, je me mis à le regretter.

J'avais Syrine face à moi, son décolleté indécent, son regard paralysant. Je bandais.

Je ne résistai pas à lui demander son prénom et l'abordai avec la lourdeur d'un homme troublé par la beauté d'une femme au parfum d'interdit.

Quel beau prénom !

Je la voyais déjà adossée au mur, nos langues mêlées, mes mains découvrant la douceur de sa peau, mes caresses ondulant sur ses rondeurs offertes à mes yeux.

Je la voyais déjà glisser sa main sous ma chemise, se mettre à l'écart sous les arcades et déboutonner mon bermuda.

Je la voyais déjà se mettre à genoux et m'offrir sa bouche pour des jeux érotiques au bord de ses lèvres douces, cachés.

Je me voyais aussi, la retourner contre le mur lézardé, lui baisser le short et très vite escalader le mont des plaisirs. La prendre ici, une pulsion que nous aurions partagée dans des râles non retenus.

Je l'entendais respirer fort et jouir. Je la sentais. La cyprine de Syrine coulait comme une rivière et venait s'épandre dans l'eau du port, éclaboussant les voiles pliées des embarcations.

Je fantasmais…

 

Mais d'une main agile, elle sortit mon sexe tendu dont les veines bleues dessinaient des pistes serpentines, elle le posa dans sa paume et fit quelques mouvements, caressant mon gland pour me rendre fou.

Puis elle s'enfuit en me disant de la chercher dans le labyrinthe de cette petite cité lacustre autrichienne.

Le temps de rentrer la plume avec laquelle j'écris des mots d'amour, Syrine n'était plus que mirage.

Envolée, cachée, et moi excité…

À droite, à gauche, je tournais au hasard.

Devant, derrière, je croyais la voir.

Je l'apercevais parfois, puis elle disparaissait.

Elle jouait…

 

Alors je décidai de la retrouver. Je devais l'attraper. Lui donner ma passion, la baiser !

Plus rien ne pouvait m'arrêter, même l'amour d'Ambre et ses sirènes de l'adultère.

Je ne pensais plus qu'à Syrine.

 

Près d'une petite place mi-ombragée, je la retrouvai assise sur un muret de pierre.

Je décidai de me cacher. Jouer aussi.

Elle devenait ma proie, l'animal traqué et moi le chasseur qui l'observait.

Ce jeu m'excitait, me faisait un peu peur. Peur de perdre contrôle…

Elle resta un long moment à téléphoner sur les pierres, étendant ses belles jambes hâlées au soleil. Elle regardait à droite et à gauche. Me cherchait-elle ?

Je faisais en sorte de rester invisible.

Puis la promenade dans les ruelles étroites recommença. Le parcours me sembla étrange, j'avais l'impression de tourner en rond en la suivant. Me voyait-elle ?

J'eus envie de la coincer sous un porche et de l'embrasser.

J'eus envie de cesser le jeu et de passer aux choses sérieuses.

J'eus envie de lui montrer mon désir.

J'eus envie de mettre fin à cette longue poursuite des sens qui m'emmenait vers la nuit naissante.

Dans une venelle sombre et étrange, je pus goûter sa bouche et l'embrasser, mais elle m'échappa encore…

Elle accéléra le pas, et je suivis la volute de parfum qui me donna des indications sur sa direction.

 

Je me trouvai alors dans une impasse…

 

Quelques minutes plus tard, une lumière s'alluma dans une des maisonnettes alignées, séparées par des haies basses. Je restai camouflé par les branchages d'un arbuste en fleur qui sentait bon l'été.

Syrine était-elle entrée ici ?

 

J'étais comme un voyeur qui attendait dans le soir.

J'eus ma réponse en quelques minutes et je vis Syrine se déshabiller sous mes yeux dans son salon. Ses gros seins libres me provoquèrent une érection encore plus forte que sous les voûtes de pierre.

Ses fesses entières que je découvrais me rendirent fou. J'allais faire une bêtise, entrer dans la maison et lui faire l'amour sur son canapé.

Elle aurait posé les genoux sur le bord et je l'aurais prise avec fougue en levrette. Mes coups de reins puissants l'auraient fait s'envoler emportant les cris de notre plaisir sauvage. Elle aurait cambré son cul pour une fessée rythmée par ses « oui ! ».

 

Qu'elle était belle, nue, debout dans la lumière chaude !

Qu'elle était excitante m'exposant sa toison auburn à travers les vitres…

 

Puis elle entra dans la pièce voisine et je ressentis la même absence que dans les rues quand je la cherchais. Mon cœur s'affolait, ma pulsion me mettait mal à l'aise. Il fallait que je la bise, que je la baise. Jusqu'au malaise…

 

Je décidai d'agir après plusieurs minutes. Je devais la retrouver et lui donner des frissons. Mon envie d'elle ne faisait que grandir…

Dans l'obscurité de l'impasse, mes pas hésitants me conduisirent vers l'entrée la plus proche de la fenêtre où la nudité de Syrine m'avait été offerte.

À ma plus grande surprise, la porte était restée entre-ouverte.

J'entrai dans le couloir obscur, en silence, comme un voleur, prêt à fuir au moindre bruit. Je bandais de plus en plus fort, mon excitation était audible.

Aucun bruit ne me fit peur. Ils m'attiraient…

Des soupirs, des cris-extasie, des sons qui disaient « encore ».

Elle prenait déjà du plaisir, mais pas seule…

Je l'observai alors par l'ouverture de la porte, discrètement.

 

Celle-ci grinça alors que je l'ouvrai un peu plus pour mieux voir les deux femmes enlacées qui jouissaient de leurs caresses, allongées sur le lit. Quel beau tableau !

Mon visage afficha ma surprise…

 

— Bonsoir Florent, me dit alors Ambre, les doigts encore enfoncés dans l'antre ruisselant de Syrine embellie par l'orgasme. Tu en as mis du temps à nous rejoindre, mon chéri…

  • superbe déambulation pour une fin heureuse ;-)

    · Il y a plus de 6 ans ·
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    Patrick Gonzalez

    • merci, oui, les venelles et ruelles réservent parfois des surprise
      merci de la visite
      je découvre le site et pas eu encore l'occasion de découvrir les écrits de tous
      ça va venir

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Couverture effluves (avatar)

      Lutécia Cendrelle

    • bienvenue alors ;-)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Patrick Gonzalez

  • Ah, qelle petite allumeuse, que cette Syrine, mais au final Florent était vraiment fin prêt, et c'est Ambre, qui lui a fait ce cadeau !!
    Une nouvelle bien menée qui tient en haleine, et la fin est vraiment surprenante. Bravo Lutécia !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • ah oui je suis d'accord^^
      merci d'avoir apprécié cette chasse dans les venelles

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Couverture effluves (avatar)

      Lutécia Cendrelle

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