La fuite (3) - Une page blanche

clairel

Mon Pierre,

Je n'arrive plus à écrire ces derniers jours, je reste là, impuissante, face à cette feuille qui reste blanche. Les mots me hantent, physiquement. J'aimerai pouvoir m'exprimer, me délivrer enfin de ce poids qui me ronge. 

Il y a des jours où même ici, rien ne va. En partant, je pensais laisser derrière moi toutes ces angoisses qui me bouffent la vie. Repartir de zéro, avec la promesse d'être heureuse, ici où tout me semblait différent de notre vie. Je pensais à tort que c'est ce qui me détruisait seulement j'y parviens très bien toute seule. Je suis partie en quête d'un idéal que je n'ai toujours pas trouvé, mes peurs et mon mal être me collent à la peau.

Tu sais, j'ai souvent hésité avant de tout quitter. J'ai souvent fait mes valises, laissé un mot t'expliquant mon départ dans l'entrée. Mais, au moment de franchir la porte je revenais sur mes pas, fondais en larmes et renonçais. Rien qu'à l'idée de te quitter, de me retrouver seule, la peur m'envahissait. Pourtant, il me semblait évident que j'avais besoin d'affronter cette solitude que je fuyais depuis bien trop longtemps, il fallait que je parte, que je m'exile de ce monde qui m'étouffait, ne faisant qu'accentuer mes souffrances, m'empêchant de réfléchir à ce qui me fait réellement souffrir. 

Tu me manques,

Gaby.

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