La fureur de la passion.

xepox

Concours Shakespeare et la jalousie.

Je me réveille, je respire, je souris. Je pense à lui. Je souris. Encore plus.

Je respire, je vis, je pense à lui.

 

« Je t'aime ».

Je me souviens de ces mots langoureux qu'il prononce à mon oreille, le sang parcourt mon corps pour venir frapper à la porte de mon cœur. Je frissonne. Mon cœur rayonne et réchauffe la moindre des parcelles de mon existence. Je respire, je vis, je pense à lui. Et parfois même je jouis. Seule ou avec lui.

 

Je l'aime. Je veux me lover dans ses bras, sentir sa peau frôler la mienne. M'électriser. C'est grâce à lui que je respire et que je vis. Je le veux, pour moi, rien qu'à moi. Lorsque ses mains parcourent mes cuisses, je frise l'exaltation. Ses lèvres sur les miennes, sa langue délicieuse… L'orgasme envahit mon corps et mon cœur.

 

Lorsque je me réveille et qu'il n'est pas là, j'aime à aspirer les odeurs qu'il a laissées à mon chevet. Lorsque je marche, j'imite ses pas qui se posent sur le sol. Pied gauche, talon, orteils, puis pied droit. Pareil. J'étouffe un rire lorsque je décompose sa démarche. Je me sens bête, bête d'aller jusqu'à singer le moindre de ses mouvements, bête des les reproduire comme s'ils avaient été scellés sur du papier à musique. 

Je pense à lui, je vis, je respire. J'existe, même si ma vie reste sur pause jusqu'à ce qu'il arrive.

 

Les minutes passent. Je l'imagine penser à moi. Je compte les secondes qui nous séparent du repas romantique que je veux lui préparer. Bougies, champagne, dessert sur l'oreiller. Je trépigne, mon impatience me fait souffrir.

 

Le téléphone sonne. C'est lui. Sms « Dsl, réunion au boulot, je serai en retard ce soir. » Mine déconfite. Non, non, pas maintenant ! Pas aujourd'hui, pas pour notre anniversaire. Il ne peut pas me délaisser. Mes pleurs brouillent ma vue et mes pensées.

 

Je l'appelle. Une fois. Pas de réponse. Deux fois. Pas de réponse. Alors trois fois, quatre fois. A la cinquième, je tombe directement sur son répondeur. Je pleure, je chavire, je crie sur son répondeur.

 

« Mais calme-toi ! Pourquoi tu te mets dans des états pareils ? »

Un étau se resserre sur mon cœur. Ce n'est pas la première fois que je m'emballe… Alors pourquoi est-ce qu'il continue à ne pas vouloir me répondre ? Je l'appelle. Portable éteint. Non ! Je tourne en rond. Mon rythme cardiaque s'accélère, ma respiration est saccadée. Je ne sais plus si je vis, je ne sais plus si je pense à lui. La seule chose que je ressens est le sang qui s'écoule sous mes ongles. Qui me traversent la peau. Allongée dans le couloir, vêtue d'une de ses chemises, sanglots dans la gorge, je suis au désespoir. Et en l'espace d'une seconde, lorsque j'entends le téléphone sonner, je peux arrêter de suffoquer.

 J'espère que c'est lui.

 

« Anna ! »

Je pleurniche

 

« Anna, je te le répète à chaque fois, mais arrête de me harceler.

-    Mais tu m'as dit que tu serais en retard… J'ai eu peur…

-    Enfin Anna, je suis juste au travail. Et malheureusement je dois y rester encore longtemps. Contretemps. Une réunion pour le projet à rendre. »

 

J'ai du mal à parler. Je chuchote.

 

« Tu ne comprends pas, j'ai eu peur.

-    Peur de quoi Anna ? Pourquoi t'as peur tout le temps. C'est pas normal que tu réagisses comme ça, dès que tu n'as pas de mes nouvelles…

-  Mais…

-  Mais quoi Anna bon sang ?

-  J'ai peur que tu me trompes… »

 

Il ne dit plus rien. J'écoute son silence.

 

« Je ne te trompe pas Anna… Mais je dois te dire que…

-  que quoi ?

-  que tu m'étouffes… »

 

Une épée me transperce, un cri s'échappe de mes entrailles. Je laisse tomber le téléphone. Je l'entends au loin s'égosiller « Anna ! Anna, tu es encore là ? Anna réponds-moi putain ! Anna. »

 

Les larmes ruissellent sur mon visage, je déchire sa chemise. Avec les doigts, avec les dents. Je me mords. Je me griffe. Je saigne. J'ai mal. La douleur me crève le cœur.

 

« Anna ! Tu es là ? Anna ! »

 

Sa voix… Elle résonne, dans ma tête. Et elle résonnera toujours, même si je pose sa chemise sur ma bouche et sur mon nez, et qu'elle m'empêche de respirer.

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