La légende de David Braguette.

Hervé Lénervé

Quel enfant n’a pas rêvé sur les aventures de ce trappeur des grands espaces sur les nouvelles terres de la Terre ? Ou plus modestement, d’avoir rêvé d’avoir la même casquette à queue de castor ?

Le jeune David Braguette changea son nom en Davy Crockett, dès que son âge le lui permit. Ses chroniqueurs attitrés n'ont pas jugé bon de nous en donner la raison. Oui, déjà, tout petit, le jeune David ne se promenait jamais sans un journaliste et un photographe qui noterait et immortaliserait tous ses actes de bravoures à venir, pour illustrer la Grande Histoire du Far West.

Il existe souvent un décalage entre la légende et la réalité, nous appelons cela, nous Docteurs es histoire, es légendes, est-ce bientôt fini ! « Le grand écart systolique et diastolique ». Si bien que dans sa vie réelle, Davy ne fit rien de remarquable. Si ce n'est une fois, quand même, dans une assemblée politique traitant du conflit entre Arméniens, pardon, Amérindiens, veux-je dire, et colons trappeurs, à laquelle, il se trouvait mêlé par méprise, il prit la parole… et ne la rendit pas. Ce qui déclencha un sacré chahut-bahut dans la salle et installa le jeune et fougueux David Braguette allias Davy Crockett dans un rôle, à contre-emploi, de contestataire-révolutionnaire-marxiste-léniniste-poutiniste-trumpiste à la pompe.

La légende était lancée, plus rien ne pourrait l'arrêter ! Tant, dans ces temps rudes et périlleux, les envahisseurs avaient besoin de symboles pour fantasmer sur le bien-fondé du massacre de tous les Indiens. Ce qu'ils nommèrent et l'Odyssée, le « Bien fait pour ces sales gueules de « peaux rouges » ! » Auxquels répondaient, les rouges, en les traitant de « visages pâles » ce qui semble un cran au-dessus dans la licence mécanique de la litote poétique.

Après une vie dissolue de débauches, le jeune David, devenu vieux, mourut démuni, pauvre et fauché, sans argent de poche, sur une scène de théâtre où il jouait, fort mal d'ailleurs, sa destinée usurpée.

Voilà, tout est dit ! Si vous avez des réserves indiennes sur les faits historiques et la chrono(féedu)logie, relatés, je ne vous conseillerais, que trop, de consulter un spécialiste de la vie des autochtones de l'Ouest Américain, tel Jim Fergus : « Mille femmes blanches. », « La vengeance des mères. », « La fille sauvage. », « Marie Blanche. » ou encore « La main d'ma sœur dans la culotte d'un zouave. » Non, pardon ! Le dernier titre est un de mes propres livres, écrit par ma propre squaw.

Allez, Ugh ! Soyez sages, visages pâles !

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