La mare aux chiennes

eymeric

Elle venait de Méditerranée. Plus je connais les hommes, plus j'aime les chiennes.

         « Ready or not, here I come, you can't hide. Gonna find you and take it slowly » J'avais la magnifique voix de Lauryn Hill dans la tête qui me chantait cette magnifique chanson des Fugees. Ca me parlait parce que j'avais l'impression qu'elle venait à moi, elle qui faisait de moi et de mon monde un petit Hell. J'avais l'impression que je ne pouvais pas me cacher, que quoi que je fasse elle allait me trouver et m'emporter fatalement avec Hell … Sauf que cette voix-là n'avait rien de celle de Lauryn Hill, et paradoxalement je me persuadais qu'elle allait me trouver alors que c'est moi qui marchait vers elle. Je ne vous parle pas d'une femme, je vous parle de cette envie débordante et futile en moi de consommer une femme afin de mieux me consumer. Parce que j'avais l'impression de ne rien mériter si ce n'est l'errance sentimentale et ce même pas à la manière d'un vagabond mais à celle d'un chien abandonné. Je me trimbalais là, en essayant de me mettre quelque chose sous la dent, mais il y avait comme un os : au fond je rêvais de trouver une niche confortable. Mais en attendant j'étais là, en train d'essayer de flairer les filles faciles, j'avais du pif pour ça. Du coup je vais vous conter un petit bout de ma route et les chiennes que j'y ai croisé. Je crois qu'au détour de la ville j'ai fini par bien plus me perdre que ce que je pensais, je crois qu'à force de louper les bons wagons j'ai fini par m'égarer.   

Aujourd'hui, je suis là, je subis une longue traversée du désert, j'ai chaud et j'en ai marre. Je ne sais pas si ce que j'aperçois au loin est un mirage ou si c'est réel. Je vois une étendue d'eau, un étang peut être. Non en fait c'est plus une mare. Et elles sont toutes autour en train de boire, de se désaltérer. Ça altère ma vue parce que l'une d'elle a l'air de plus y prendre goût que les autres. Elle a l'air d'aimer voir des garçons assoiffés s'essayer désespérément à attraper l'eau de cette marre et toutes les chiennes montrer les dents. Elle, elle n'a pas trop besoin de faire ça, elle a l'air d'être celle qui guide le troupeau, celle qui fait tout mieux. Elle regarde de loin, elle supervise, ça fait bien longtemps qu'elle ne laisse plus aucun chien s'approcher. Forcément j'ai marqué le pas, d'abord pour la contempler pleinement, ensuite parce que j'hésitais à me lancer dans ce qui allait être une course effrénée. Je veux dire, de l'eau, il y en a ailleurs et plus simple à obtenir en plus. Sauf que c'est de ça que j'avais besoin actuellement, une eau compliquée à obtenir, une eau qui me ferait frémir, une eau qui n'a rien de positif aux yeux de toute le monde, une eau indigne de l'humain. Sauf qu'en ce moment j'étais indigne d'être un humain, j'étais un chien et j'avais besoin d'une chienne, j'étais un chien qui avait besoin d'une mare aux chiennes.

 

Mais comme j'ai une certaine estime de moi, j'ai refusé l'idée d'aller me jeter directement dans les dents de ces demoiselles et de me blesser. Je ne voulais pas l'une d'elles, je voulais sa lune à elle, celle qui rodait autour, la chef, la meilleure. Elle s'appelait Boom, ou c'était peut-être un surnom, peut-être parce que tu avais peur qu'elle explose alors qu'elle semblait si loin de tout ça. Elle avait l'air imperméable aux attaques, aux pluies de compliments et tout ce qui pouvait exister. Boom, si aujourd'hui, toi-même tu lis ce texte, tu dois te demander comment tu as pu en arriver là ? Comment tu as pu ouvrir si facilement la voie conduisant à la mare à un garçon ? Mais Boom, il n'y a aucune raison que tu m'haïsses, tu récoltes ce que tu sèmes. Tu as beau sourire jaune, je n'ai rien fait de mal, je n'ai pas craqué. Je n'ai fait que te mettre des trucs croustillants sous la dent. A aucun moment je n'ai fait le charognard, je n'ai pas épié les restes d'une relation dentant afin de les récupérer et les exploiter. Non, je t'ai dit que j'avais soif et que tu me servirais qu'à rassasier ma soif. Puis j'ai attendu un moment, puis deux, puis trois, ça a fait un long moment. Ça t'a intrigué et tu t'es approchée, tu n'as pas montré les dents, tu as essayé de sentir si j'étais fiable : je l'étais puisque je n'avais raconté aucun bobard. Pas de quoi grogner donc, pas de quoi me renier. Plus le temps de niaser du coup, on s'est vite retrouvé à baiser … Comme des chiens. C'est là que ça s'est compliqué, tu m'as reproché de bouger ma queue un peu trop partout, je t'ai reproché de vouloir me tenir en laisse. Tu m'as reproché de tendre le bâton pour me faire battre, je t'ai reproché de sans cesse ramener le bâton. Tu m'as reproché d'être un chien errant, je t'ai reproché de vouloir me garder dans ta niche. Tu m'as reproché d'être venue à la mare, je ne t'ai rien reproché du tout. Parce que c'est bête comme remarque et tu le sais.  Parce que tu es dans la connivence, t'es conne y tu danse, tu ne tiens jamais tes postions. Tu changes sans cesse d'avis, sans cess ta vie n'est que poudre à tes propres yeux. Toi-même tu n'y crois pas, toi même tu ne sais pas vraiment qui tu es, ce que tu fais et ce que tu veux. Ne reproche pas alors aux gens de ne pas savoir à ta place. Puis c'est pire que ça, parce que je n'ai pas toujours eu le dessus dans cette râleation. Il y a un moment où tu me menais par le bout du museau, je ramenais le bâton, je me persuadais que non, j'en persuadais mes autres chiens de potes mais j'étais au pite. J'aurais tout fait pour tes fesses, je t'aurais même ramené ta cess, tu étais ma Eva Mendes, tu me disais « et va Mendez », j'étais un serviteur, tu m'avais asservi. En fait tu es un leurre de l'amour car tu es des leur. De ces filles qui se servent de nous alors qu'on se noue à elle. Car plus le nœud est grand, plus le « NE vous engagez pas la dedans » l'est aussi. Alors que d'habitude, c'est l'inverse pour moi. D'habitude, de ma fenêtre je les vois toutes passer sans savoir ce que leur réserve le futur. Moi, je leur offre ma présence comme un présent, je passe un genre de contrat implicite : « je vous aide à avoir confiance en vous mais SVP ne vous attachez pas ». Sauf qu'elle s'attache toujours, pour ça qu'elles ont l'impression que je les pends lorsque je les quitte.

 

Alors avec toi Boom, il est vrai que c'est peut-être un peu différent, j'ai peut-être joué du violon mais tu as mimé d'être amatrice d'opéra. Tu as mimé le fait d'être différente de toutes les autres chiennes pendant que je mimais être différent de tous ces autres chiens. Mais on aboie et la caravane passe : c'est toujours la même chose. La caravane nous écrase et on reste aux abois : c'est toujours les mêmes causes. Toujours les mêmes gosses qui se prennent pour des adultes, toujours les mêmes A typiques qui se prennent pour des atypiques. Mais c'est toujours la même façon de conduire, parce que c'est toujours la même route d'empruntée. Et quand bien même c'est une autre route, on garde les mêmes reflexes.

Aujourd'hui, je regarde par la fenêtre et je compte les cunt, je me dis que tu n'es pas si différente de l'une d'elles. Si ce n'est que tu pousses la puterie encore plus loin, et comme je suis le meilleur sparring partner pour ça, on amène ce bordel à une hauteur jamais vu. Je me dis que toi tu as pris la cantique "il faut aimer son prochain " au pied de la lettre donc c'est haut la main que tu donnes toujours suite aux avances des garçons. Certains disaient de toi que tu n'aimais qu'un type de garçon, les garçons de couleurs… Tu parles, après deux verres tu devenais daltonienne. Tu aimais plaire, puis c'est tout. Ton existence ne vole pas très haut, tu manques de kérosène. Et du Caire au zen de tes copines la drogue transite comme la mal bouffe dans ton transite. Puis sur ton HTC tu cherches du THC à te mettre dans les veines. C'est le monde à l'envers : toi la petite fille sage est devenu diablesse. Tu n'as jamais voulu être une femme au foyer, une domestique, et je t'encourage là-dedans. Mais là, tu es devenue une chienne errante cherchant des rentiers. Mais tu es redoutable pour les non avertis hein, en témoigne ton phrasé : tu roules trop les R si bien que lorsque tu voulais scander "je te souhaite l'amour " on y entendait « la mort ». C'est ce que tu souhaitais, car tu ne te préoccupes que de ton existence. Mais pour ceux qui se sont engagés : la porte exit tangue, c'est comme s'ils étaient bourrés à toi, ils titubent et peine à sortir de tout ça.  Moi, j'y ai échappé, j'ai réussi à en sortir, à m'en sortir, mais depuis je traine de la patte. J'ai 99 solutions mais tu restes 1 problème, Jay-Z en serait dérouté. Tu es loin d'être ma Beyoncé, mais je pense à toi parce que tu m'as tellement ambiancé par le passé.

 

            Puis, comme tu t'es affaiblie, que tu étais à fond derrière moi, tu as laissé du terrain à celle qui voulait gagner le tien. Tu n'étais plus la reine de la marre aux chiennes, et c'est là que j'ai rencontré Pathie. Beaucoup plus vicieuse que toi, mais au fond tellement plus simple. Beaucoup moins bonne que toi mais tellement plus bonne aussi. Je te conte la vision de la première fois que je l'ai vu :

 

Le décolleté est vaste, très vaste, en plus elle n'a pas mis de soutif. Elle est posée là sur l'accoudoir de ce canapé dans cette boîte et elle est tout ce que je déteste. Elle est blonde et je dois de dire que je la trouve plutôt laide. Sa longue robe et ses talons je ne trouve pas ça des plus élégants non plus. Son comportement fait que je la déteste le plus : elle est discrète, elle ne boit pas, elle fume un pétard et elle sourit sobrement à ses amis. Je n'ai rien à lui reprocher en fait et c'est ça que je déteste. Je suis sûr que c'est une fille d'une famille très honnête et très noble. Je suis persuadé qu'elle s'entend bien avec son père et sa nouvelle belle-mère, elle doit faire preuve de maturité quant à la situation. Je suis persuadé qu'elle fait des études en droit et qu'elle porte des ballerines élégamment. Elle doit être loin de faire preuve de misandrie car elle choisit de ne juger personne. Elle parle très bien anglais et a un compte Instagram digne d'une bloggeuse mode. Elle a l'air angélique sans fait coincer non plus. Elle a l'air d'avoir l'habitude de sortir, c'est une fille moderne. Mais dès qu'elle remet ses lunettes pour ses études là, c'est stop. Elle roule en mini Cooper offerte par son père et elle ne fait jamais marcher les garçons. D'ailleurs elle est en couple avec Nathan qui a 1 an de plus qu'elle. Ils se sont connu lors de leur master de Droit. Ils ont tout du couple parfait, beaucoup de leurs amis envient leur couple. Nathan est beau, fait du sport sans tomber dans la caricature. C'est un surfer au sourire ultra white. Son défaut c'est qu'il est trop organisé. Mis à part ça c'est une crème. Il est d'une famille aisée et il est gestionnaire en patrimoine. Il gagne très bien sa vie et il adore porter des marinières. Originaire du cap ferret, il a ses habitudes dans le pays basque l'été. À Biarritz précisément, c'est là qu'il l'a emmené pour leur premier week-end. Ils ont l'air de s'aimer pleinement et ils entrevoient les fiançailles.

Vous serez donc aussi surpris que moi si je vous dis qu'après un échange de regard de 3 seconde elle s'est levée, elle semblait bourrée d'un coup. Je crois qu'elle feignait ça pour le justifier auprès de ses copines. Elle a fermé un œil, tiré un peu la langue et m'a appelé avec son index. Elle a passé ses bras autour de mon cou et m'a embrassé alors que ces amis étaient concentrés sur l'arrivée en fanfare des magnums de champagne. Elle m'a chuchoté un truc inaudible à l'oreille puis m'a tirée aux toilettes. Là, elle m'a encore embrassé et d'elle-même s'est retournée. Elle s'est penchée sur le robinet et m'a dit "baise moi". Comme je suis un gentlemen et que je ne refuse rien à une fille, je me suis employé. Elle criait tellement fort, son visage mimait la libération. À croire qu'elle ne s'était pas fait prendre en levrette depuis des années. J'ai donc continué à m'employer même si je me doutais que ça avait tout l'air d'un CDD de quelques minutes. Elle m'interrompit en me disant d'attendre. Elle sortait de son sac une ligne de coke et se la snifait avant de s'assoir face sa moi. Elle enroula ses jambes autour de ma taille et recommença l'acte du coït entamé. Je me voyais dans la glace qu'il y avait dans son dos. J'étais totalement débraillé. Elle finit par décider d'elle-même de se retirer et de finir avec une fellation. Elle avala. Elle me jeta un regard droit dans les yeux en même temps. Ça m'a émoustillé. Elle remonta, m'embrassa dans le cou et parti. Quelques secondes après je me suis regardé dans la glace histoire de m'auto congratulé. Ce qui était débile car je n'avais rien fait, ça aurait été n'importe quel mec ça se serait passé. Sauf qu'eux ne l'aurait pas écrit. Je sortais des toilettes et dame pipi me regardait mal. Ce n'est pas grave. Je suis re-rentré dans la salle et elle était de nouveau là, sur le rebord du canapé l'air angélique. Elle écoutait ses amis parlait et elle riait. Elle buvait doucement le fond d'une coupe de Moët, puis, elle tourna la tête pour regarder la salle. Nos regards se croisèrent et elle me fit alors un sourire des plus discret comme si on ne se connaissait pas. Or c'était vrai : on ne se connaissait pas.

 

            Elle s'appelait Pathie, je suis sûr qu'il y a une part de toi qui la respecterai, puis une autre part de toi qui la détesterai. Au fond, elle est marrante cette situation avec cette Pathie car on se parle comme deux inconnus mais on se dévoile nos corps comme si on s'était connu il y a longtemps. Tu veux plus de détails sur cette soirée, lorsque je l'ai croisé ? Du sexe, voilà ce qu'était l'air ambiant. Ça me rendait patibulaire. Pathie bue l'aire, vu qu'elle avait encore à travers la gorge toute sorte de choses, elle devenait une boulimique du sexe. Mais lorsqu'elle était seule elle recrachait tout.

 

            Donc rassure toi, ne cherche pas le combat avec elle, ne cherche pas à reprendre ta place, tu n'y arriveras pas. Tu n'y arriveras par car toi, ton existence est une forme de poésie et tu y es en verre et contre tous. Tu es fragile Boom et tu es à deux doigts de te casser, d'exploser.  Ici les crimes s'embrassent pour toi, tu es "strastrophérique". Mais tu es en train de te gâcher Boom, tout part en fumée. Je sais que tu déteste tout ça, ce texte et le reste. Mais, tu dois sacrément en avoir sur la tienne pour détester autant les moralisateurs. Sauf qu'aujourd'hui je n'ai pas le choix, tu me dégoûtes. Des traits d'esprit t'es passé à l'esprit aux traits. Tu ne penses qu'à ça, t'en faire encore et encore…

Faut que je trouve le bon compromis pour t'insulter mais pas trop violemment afin que tu ne te caches pas derrière la misogynie. Parce que ce que je vais dire ne s'applique à aucune autre femme dans mon esprit. Il s'agit de toi et uniquement toi. Je ne remets pas en cause ton existence de femme. Je remets ton existence en cause. Je te remets en cause. Aujourd'hui, tu es aussi bonne à baiser qu'une part de pizza froide : Tu es bonne mais pour moi le goût n'y est plus. Mais j'ai le seum parce que je crois que j'ai quitté ma traversée du désert pour aller me perdre dans la forêt avec toi. Sincèrement, je ne sais pas ce qui est le mieux. Paraît-il qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné, moi je suis avec toi et pas accompagné c'est pire que tout. On a beau être chien et chienne, on a eu aucun flair, on n'a pas vu venir tout ça et on est reparti aveuglement chacun de notre côté tout en restant accroché l'un à l'autre. Puis les êtres accrochés sont devenus des êtres écorchés … A vif. Sauf que si je vis vite c'est pour toucher le vivide, mais là, il n'en a rien été. J'aurais dû écouter la maxime, j'aurais dû écouter la chanson, j'aurais dû réduire la vitesse. Ça m'aurait peut-être évité de plonger dans le vide, ça m'aurait peut-être évité de connaître cette vie vide de sens. Mais ce qui est fait est fait, et les fées sont fées, il n'y a pas de juste milieu. Soit tu es en plein dans le mile, soit tu es totalement à côté. Désormais j'essayerai d'être pile dedans en me dressant contre mon envie d'aller voir la mare aux chiennes. Mais comme j'ai l'impression d'avoir une double face, connaître le revers de la médaille me fait peur.

Quant à toi Boom, lorsque tu verras ce texte posé, t'imagineras tes ex posés qui apprendront que tu t'es exposée. Ça te rendra ouf, tu vas vouloir exploser : toi la chef des chiennes qui devient la chienne des chiennes, rien que cette idée te déchaine. Mais des chaînes il y en a encore bien d'autre qui te retiennent, à commencer par celle qui te lie à la mare. Laisse Pathie la gérer, cela t'évitera bien du pathos.  

  • sais pas trop pourquoi mais je love ton style.... une plume attendrissante dans les 3 textes lus pour le moment

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Siren

    hinareva

    • Merci beaucoup pour ton commentaire, c'est toujours touchant comme remarque ! Lesquels as tu lu ?

      Je dois bientôt sortir un court métrage aussi, tu pourras tout retrouver ici : https://www.facebook.com/EymericPageProfessionnelle/

      · Il y a plus de 7 ans ·
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      eymeric

    • j'irai vor le lien fb, bravo ;-)

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Loin couleur

      julia-rolin

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