la musique adoucit les moeurs mais peut être dangeureuse
Claude Van Hoeymissen
La musique adoucit les moeurs mais elle peut être dangeureuse.
En ce lieu chargé d'histoire; où Paris se raconte et se souvient de son passé. Mon histoire avec un petit h a rencontré l'Histoire avec un grand H. Ou comment un après-midi d'initiation aux lieder se transforma en événement tragi-comique!
Dans l'encyclopaedia Universalis, voulant définir le lied par une formule lapidaire, Vincent d'Indy le décrit comme « l'expression musicale concise d'un fait ou d'un sentiment ».
Voulant définir l'incident de ce dimanche après-midi, Je le décris comme « l'expression maladroite d'un fait concis et d'un sentiment »
« Définition incomplète, en ce qu'elle omet ce qui est l'essence même de » l'incident : « condensé homogène de musique, de poésie », de maladresse et de défaillance matérielle, « si étroitement solidaires l'une de l'autre qu'on peut difficilement dégager une loi capable de rendre compte de ce mystérieux et peut-être fragile équilibre »(in encyclopaedia universalis).
L'intrusion du lied dans ma vie illustre en tout cas une époque heureuse où j'avais trouvé un emploi exactement à ma mesure; mais ceci est une autre histoire.
Pour en revenir,à notre petite aventure, j'avais été convié à une découverte des lieder par le biais d'un concert au musée Carnavalet un dimanche après-midi.
Un peu jeune, le manque d'expérience de ce genre d'évènements, certainement nous fit arriver au musée juste 5 minutes avant le début du concert. Nous rajoutâmes donc quelques chaises au pied de l'estrade où devait se produire un quatuor accompagné au piano.
L'assemblée « bon chic bon genre » d'un certain âge et pour la plupart d'un âge certain, nous jeta des regards peu amènes auquel nous ne répondimes que par de grands sourires polis (sic!). Nous étions cinq en ce début de matinée musicale, mais par la faute d'un pilier quatre seulement pouvaient voir et entendre, le cinquième n'avait le droit qu'aux sensations auditives. Nous décidâmes d'un commun accord d'échanger nos places entre chaque « lied ». Et donc, de ce fait nous changeâmes de chaises à chaque morceau.
C'était à mon tour d'être assis au beau milieu de notre rangée face au ténor. Lorsque soudain, « ma » chaise rendit l'âme. Les pieds de la dite chaise décidèrent qu'ils avaient assez soutenus l'assise et s'allongèrent doucement sur le sol. De façon plus technique le piétement se désolidarisa du siège,et le dit siège se retrouva posé sur le carrelage de cette salle du musée utilisée comme salle de concert.
Je me retrouvais donc en plein milieu d'une chanson, assis sur ma chaise mais à la hauteur du sol. Stoïque je restais assis, ne voulant pas bouger avant la fin du lied et déranger le quatuor dans son interprétation. Le Ténor, qui m'avait juste au beau mileu de son champ visuel, fit preuve, lui aussi, d'une grande maîtrise de ses nerfs, il eut bien un léger « hoquet » ou tremblement, mais il réussit à aller au bout. L'assistance ne fut pas en reste, et aucun éclat de rire incongru ne perturba le concert.
Rire que nous réussîmes à contenir jusqu'à la fin du concert; mais c'est hilare que nous quittâmes le musée Carnavalet. Lieu solennel qui doit rarement produire ce genre d'effets sur ses visiteurs. Mais pour moi, cet après-midi reste l'expression maladroite d'un fait concis(la chaise qui lache) et d'un sentiment ( embarras, honte d'être ainsi le point de mire d'une salle entière)».
Mais à l'encontre du vieux proverbe : « Où il y a de la gène, il n'y a pas de plaisir »; dans ma mémoire le musée Carnavalet reste indéfectiblement lié à cet événement, et s'y mèlent plaisir et gène…