La nuit.

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La Nuit sillonnait les ruelles de Tel-Aviv drapée de sa robe sombre tachée d'étoiles. Alors qu'elle s'en allait joyeuse et insouciante retrouver le Jour, son secret compagnon, on pouvait déceler, à travers le vacarme qu'engendraient les coeurs battants des habitants endormis, les sons palpitants de ses souliers sur le bitume.

Il ne fit pas attention à la Nuit lorsqu'elle passa près de lui sur le trottoir. A ce moment-là, il ne sentit même pas le frôlement de son céleste vêtement sur son visage. Il marchait tête basse. Les yeux ligotés aux mouvements lestes et cadencés de ses jambes : "elle m'aime", pensa-t-il. Un sourire furtif s'esquissa sur son visage. Il passa sa main dans ses cheveux, leva la tête, écarta les bras et le cria très fort. Puis, sans trop savoir pourquoi, se mit à courir sans destination précise. Il avait juste envie de sentir son corps en mouvement, de se laisser porter par cette dynamique nouvelle qui l'étreignait. Il fendait l'air telle une météorite ardente. Le feu qui l'habitait était littéralement en train de le consumer : il était une étoile vivante ! Il se mit à rire, à rire aux éclats. Une avalanche d'émotions dévala de son être et finit par l'ensevelir. Il s'arrêta. Haletant, épuisé et heureux. La Nuit, parée d'un magnifique médaillon doré, s'approcha de lui. L'éblouissant bijoux illumina son visage en sueur. Il sentit la caresse du vent l'effleurer : elle venait de poser sa main sur son épaule.

"Êtes-vous amoureux" lui demanda-t-elle.

Il opina, l'air serein.

Elle lui sourit et continua son chemin.

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