La nuit de la Jeunesse

Juliet

Même si les tours étaient allumées,
même si elles se découpaient sur la mer,
même si la nuit est si bien grimée
et même si l’on ne compte plus les lumières,
Je me rends compte
que Tôkyô n’a pas d’étoiles.


Même si la nuit on voit si clair
qu’elle n’a plus à chercher à plaire,
même si t’as l’air d’un idiot si tu te perds
et même si mille couleurs sont tes repères,
Je me rends compte
que Tôkyô a mis un voile.

Même si les néons clignotent comme des alarmes,
même si la lumière a toujours le plus beau charme,
même si l’artificiel a voulu être sincère
et qu’il se sait indispensable tant que l’on s’en sert,
Je me rends compte
que Tôkyô n’a pas d’étoiles.


Même si le soleil semble faire pâle figure,
qu’il n’en a qu’une et son remplaçant mille visages ;
même si les illusions ont une forme si pure
et que nos cauchemars s’éloignent de nos rivages…
Même s’il semble qu’il ne faut plus avoir peur,
que dans cette lumière le danger ne peut se tapir ;
même si l’on peut toujours créer la chaleur,
même si les magasins vendent ce qui éloigne le pire,
Je me rends compte
que Tôkyô n’a pas d’étoiles.


Même si nous avons ces jours éternels
qui repoussent toujours plus au fond les mauvais rêves,
et même si elle essaie d’être plus belle,
à chaque heure qui passe la nuit s'éclaire et enlève
des essences de ciel noir ;
alors l’humain pour le survivre
garde ce noir en mémoire,
inconsciemment à lui se livre.


Et chaque fois un peu plus encore,
la lumière artificielle arrache un peu de la nuit,
la range dans nos cœurs et nos corps ;
en nous elle se décompose et pourrit et nous nuit.
Tous ces écrans et néons en son sein
présentent une infinité de mondes en un monde unique.
Tous du bonheur tracent un doux dessin,
un monde onirique et ses symphonies de slogans pour musique.


Mais même si elle est toujours la plus forte,
même si elle ne sera jamais morte...
Je me rends compte
que Tôkyô n'a pas d'étoiles.


Même si elle brille debout fière ancrée dans le sol,
même si elle brille allongée sur la mer...
Avant que nos consciences détournées ne deviennent folles,
avant d’oublier que cette ville est ma mère,

Moi je te conte
que Tôkyô n’a plus d’étoiles.




(écrit sur une impulsion le 4 avril 2013)

  • " écrit sur une impulsion le 4 avril 2013 "

    > L'impulsion vous réussit très bien ! Juste un mot : magnifique !
    CDC du jour

    · Il y a presque 11 ans ·
    Xanth ogre 92

    fafa95

  • Nostalgies citadines, grouillement de vie humaine auquel nous appartenons.
    Murs témoins de nos drames, de nos joies et de nos nuits blanches...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Vkhagan orig

    Victor Khagan

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