La pause plaintes et gémissements

victoria_mvldp

En ce lundi, une fois de plus, il fait beau. J’ouvre la fenêtre de mon bureau le temps d’une pause. Je ferme les yeux un instant. Je peux sentir le soleil chauffer mon visage. J’oublie un instant le boucan mélangé au brouhaha parisien et peux entendre la mer respirer. Autour de moi il n’y a plus que du vide. Je respire enfin de l’air pur au lieu de la pollution et du parfum à la cigarette de mes collègues de travail. Je vis enfin.

Puis, soudain, mon téléphone sonne. Retour à la réalité. Je me replonge dans mes mails. Mon ordinateur. Les messages de mon mari me demandant de ne pas rentrer trop tard pour une fois. Comme si je pouvais contrôler ça. Quoi que… A la limite, je préfère encore rester ici plutôt que d’être chez moi à supporter ses remarques, les cris des enfants, leurs caprices. Les voisins qui se disputent tous les soirs. La vieille du dernier qui descend ses ordures en faisant traîner sa poubelle de verre sur les marches de l’escalier de l’immeuble. Les jeunes bourrés qui marchent dans la rue en chantant, les filles aux talons qui résonnent dans toute la rue. Le bébé de la voisine d’à côté qui pleure toutes les nuits. Et puis le chemin en transports en commun. Le supplice de mes journées. Tous ces gens. La proximité. Trop de proximité. Les odeurs. La précipitation. Les gens pressés. Les têtes énervées.

Oh que j’aimerais être loin d’ici ! Que j’aimerais partir loin. Si loin. Ne plus avoir à supporter tout ça. Parce qu’en plus, il ne faut pas se plaindre. Il faut sourire. Faire comme si tout allait bien. Parce que quand on choisit où vivre, on en accepte les contraintes. Mais… J’ai pas choisi. Non, je n’ai pas choisi. Je suis allée là où on m’a offert un travail. Un travail tuant. Fatigant. Ereintant.

D’un coup, je regarde ma montre : dix-neuf heures, j’hésite encore à partir. Je n’ai qu’une seule envie : être demain et profiter d’une jolie pause ensoleillée au bord de ma fenêtre pendant quelques minutes de répit.

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