La petite mort si chair au poète

mineka-satoko

Je mourrai sur cette île, de la petite mort si chair au poète.

Mes paupières lasses s’écroulent et fuient la réalité pour tomber sur ce sable fin,

Atterries sur elles-mêmes, presque prostrées, elles s’ouvrent sereines sur un autre monde.

Sous mes doigts je sens naître l’écume, l’écume née de la vague, du ressac de ma main.

Toutes belles images défilent devant mes yeux fermés sur mon imaginaire qui gronde,

Usurpant ma raison, kidnappant mon âme ; c’est là la petite mort qui gagne du terrain.

Rythmée par le ressac, elle est une vague griffue, une marée qui monte, un océan

Béant, grossi par la fonte d’une réalité immonde, sous la chaleur, le feu de mon désir ardent.

Au temps découvre la vague, un coquillage rose, elle s’empare de mes membres un à un

Tandis que sur mon front de la sueur repose, et trempe mes délices comme rosée du matin !

Individuel plaisir, dans mes membres raidis et mes yeux révulsés, je sens la mort monter

Où le poète s’amuse à caresser sa muse sans autre issue possible que la volupté.

N’est pas poète qui veut ! Lorsque d’un doigt l’on touche en masquant d’un œil mutin l’

Idée même d’une bouche de l’être qui s’affirme pour mieux jouir de la vie

Dans ce simulacre de mort. Mes muscles bandés, elle s’apprête à jouer sa douce mélodie

Eternelle et sonore. Les orteils cambrés je m’accorde bien bas sans connaître le LA

Au musicien si cher ! Dans une ultime onction je la sens survenir. La petite mort est là,

Le souffle écourté, le halètement moite, la moiteur du désir, je la sens arriver,

Egoïste plaisir, dans un cri, comme un ultime soupir qui pourrait être le dernier.

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