La prochaine fois, sans moi.

chess

*Hey... Ma belle, il faut te réveiller. Allez, il est l'heure. L'heure d'affronter une jolie journée. Allez, debout.* Non. Juste, non.

Juste une journée. Une putain de journée. Ce genre de matin, où le premier mot qui sort de tes lèvres purpurines n'est autre qu'une insulte, un râle ou même un soupir, un souffle las. Las de se lever chaque matin pour la même chose : travailler. Alors, parfois, on ravale sa douleur et on y va, en se donnant l'air d'être motivé. Moi, je ferme les yeux, les écouteurs dans les oreilles, l'esprit embrumé, et pour le réconforter je mets de la musique. Elle résonne dans ma tête, me berce et un bal se crée dans ma tête, le monde danse, les robes fleurissent, les rires naissent et les sourires sont les plus belles armes. On danse, on change de partenaire, on repart de plus bel en contemplant notre pair. Le violon nous donne des frissons, et l'on continue à danser, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Ils dansent tous, dans ma tête. L'intérieur de cette dernière est décoré de mille chandeliers, la tapisserie est dorée, les miroirs sont infinis ! Il y fait bon y vivre, le vin coule à flots et la nourriture se révèle délicieuse. On s'arrête. Le violon recommence à parler, à murmurer sa plainte, et l'on s'essoufle, l'on s'échange des regards fatigués mais pleins de joie. On s'accorde des baisers, des étreintes. Mais à peine le souffle retrouvé, la musique repart. Plus saccadée, plus entraînante. On danse, on fredonne, on se donne un air majestueux, puis l'on ralentit, peu à peu, au rythme de la musique. On se calme, on sourit, on se fait discret, on marche à pas de loups, tout en gardant l'œil sur l'orchestre, qui semble s'amuser de la naïveté de la populace. Et sans prévenir, le violon se plaint, la contre-basse repart de plus belle, accompagnant le long sanglot, puis le piano rejoint la beauté musicale et tout le monde recommence à danser, comme des excités. On donne le meilleur de soi, car on sait parfaitement que c'est bientôt la fin, la fin de cette fabuleuse et frénétique danse. Et enfin, la musique cesse. Le souffle est court, les fronts brillants, et le sourire est sur toutes les lèvres. 

Puis j'ouvre les yeux, et me retrouve face au froid hivernal, face aux visages perdus de mes semblables, on me propose une cigarette, on complimente mes cernes, mon teint blafard, mes lèvres rosées d'un brun et on s'étonne de mon retard. Des blagues volent, s'entrechoquent sous mes yeux réfléchissant la scène. Non, le bal était plus beau, plus chaud. Je veux y retourner. Mais dans mon esprit, la fête n'est plus là. Place au froid, à la fatigue, à la monotonie de la journée, et surtout : à la douleur d'être en vie. 

  • Certains arrivent à s'éterniser dans ce bal, jusqu'au soir.
    C'est pourquoi, quand on les croisent, dans la journée, on a l'impression qu'ils ne sont pas à ce qu'ils font. C'est vrai. Ils sont à ce qu'ils rêvent.
    Très bon texte, chess!

    · Il y a presque 11 ans ·
    Un inconnu v%c3%aatu de noir qui me ressemblait comme un fr%c3%a8re

    Frédéric Clément

    • Je te remercie !

      · Il y a presque 11 ans ·
      Headlesspeaceandlove

      chess

  • On lui proposé une cigarette, et ça, ça n'arrive pas à tout le monde. Il y en a, ils doivent inventer de sacrées histoires pour en voler une. Cela dit, quand on s'est battu pour l'obtenir, on trinque avec ses poumons et on prononce la dernière phrase de ton récit, en remplaçant un "l" par un "c" et le tour est joué.

    · Il y a presque 11 ans ·
    536734 10151365160283319 237270284 n

    Catfish Tomei

    • C'est vrai que la douleur peut devenir une douceur... J'adore tes commentaires, aha. Merci, merci de ta lecture et merci de prendre le temps d'écrire quelques lignes.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Headlesspeaceandlove

      chess

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