La prunelle de ses yeux.(1)

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Extrait de: " Quand j'ai un petit moment de blouse dans la tête, je mets quelques étais pour soutenir la dalle: non pas que j'ai une grosse faim, mais je tiens à ma maison."

C'était l'année où je peignais des chevaux pour faire du fric: un cheval encadré dans un salon ça fait toujours impérieux pour celui qui l'affiche.

J'avais principalement une clientèle de dentistes, des mecs à fond dans l'hygiène, dans les surchaussures jetables et bleues. « On n'entre pas dans ma maison sans décrotter ses sabots ! » disait Dédé le prothésiste.

Dédé avait des paillassons devant toutes les portes de sa maison. Il avait même fait moquetter ses appuis de fenêtres pour si jamais un voleur passerait par le jardin plutôt que par la rue.

- Faudrait pas qu'il crotte tout sur son passage en allant piquer les bijoux de la daronne !

Dédé tenait à sa femme comme à la prunelle de ses yeux. Il lui passait tous ses caprices en lui faisant augmenter de volume sa poitrine en fonction de son chiffre d'affaire: elle avait des seins qu'on aurait dit des dents en or tellement ils brillaient à la plage.

Dédé hésitait beaucoup sur la couleur de ses murs mais pas sur celle de mes juments:

- Putain elle a de la gueule ta black ! Tu peux pas plutôt me la foutre dans un pré sous un olivier !

- Ben Dédé, je l'ai déjà mise sur un transat de piscine, j'vais pas refaire tout l'arrière plan pour te faire plaisir !

- Parce que tu crois que moi, quand j'ai une cliente qui arrive avec des chicots plein la bouche, je vais pas devoir lui refaire tout le magasin avant d'entrer !

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