La reine Margot

Joelle Eymery

L'autre jour, en me promenant, j'ai rencontré une grosse vache à lunettes qui paissait débonnairement sur une jolie étendue d'herbe verte parsemée de petits points jaunes et blancs, qui s'avérèrent être des pâquerettes.
Elle m'a saluée et m'a dit : "je m'appelle Margot, et toi? "


Nous avons sympathisé tout de suite.

Nous avons parlé longuement, là, au soleil, et nous nous sommes trouvé plein d'affinités, de points communs.
Nous avons les mêmes lectures, aimons les mêmes musiques, nous avons même échangé quelques recettes de cuisine, celle de la salade niçoise l'a vachement emballée.

Elle m'a raconté sa vie, elle a quitté son mari, c'était un mufle ; j'ai fait pareil et nous sommes devenues très amies.


Elle a tout de suite compris que je suis une incurable amoureuse de la nature, à ma façon de caresser les arbres.

Quand elle m'a vue me frotter contre les écorces, à la manière d'un chat, en ronronnant, j'ai bien vu qu'elle me comprenait ... 


Elle a su respecter mes silences et ma méditation sans pousser un seul meuh,
quelle intelligence !

Elle s'est éloignée discrètement de moi et a regardé gentiment passer les trains en attendant que j'ai terminé, sans bouser.


  Là, je pars la retrouver pour le week-end, elle m'a invitée.


  Je lui ai dit :

  "Tu veux que j'emmène quelque chose de la ville ? "

  Elle m'a répondu, sans façons :

"Emmène du lait, si tu veux. J'ai du bon café !"


Signaler ce texte