La Rengaine des Amants

Aux heures creuses d'après minuit,

Les souvenirs tapent au volet.

Lorsque la ville est endormie,

Les souvenirs vont pour meubler...

Je ne sais pas, j'ai jamais su

Quel nom il fallait lui donner

Je l'ai rencontrée dans la rue

Un soir d'orage, un soir de Mai.

Je sortais juste de cabane

où l'état m'avait enfermé,

Je sortais de dix ans sans femme ;

J'avais personne à qui parler.

C'est la rengaine des amants

Qui s'unissent et puis se séparent

C'est la rengaine des amants

D'un soir.

Dans son corsage, j'ai glissé

Mes premiers billets d'homme libre

Je crois qu'elle était defoncée,

Faut dire que j'étais plutôt ivre...

Elle m'a dit :

"viens, je vais t'donner plus d'amour qu't'en as jamais vu"

Je l'ai suivie dans sa carrée,

L'ai regardée se mettre nue.

Entre ses bras, j'avais plus peur,

Bien profond dans son ventre j'avais plus froid,

Elle était belle comme le soleil

Lorsqu'il se couche derrière mes toits

Je la revois...

C'est la rengaine des amants

Qui s'unissent et puis se séparent

C'est la rengaine des amants

D'un soir.

On s'est aimés, toute la nuit,

Aimés à en casser le lit,

Se laissant croire l'un à l'autre

Que tout commençait aujourd'hui...

Le lendemain, je suis parti,

Marchant seul dans l'aurore bleue,

Avec dans ma tête une musique

Et la couleur de ses grands yeux

J'aurai tant voulu lui jurer

Un amour plus fort que tout,

Mais je savais que le soleil

Non, jamais, ne serait pour nous.