La sagesse du corail.(1)

Nous passions notre temps à parcourir le monde pour de nouvelles plages ou de gigantesques cascades aux eaux plus limpides que le chlore, tout en partageant nos idées et notre engouement contre le réchauffement climatique, pour que d'ici 10 ans nous n'ayons plus à traverser les océans pour aller prendre nos bains de bouches et d'exotisme sans devoir fumer des tonnes de kérosène ou éparpiller du monoxyde de carbone un peu partout. Nous portions aussi de l'intérêt à l'idée de ne plus avoir à prendre soin de nos dents en les frottants dans une lingette à la poudre d'avocat pour les rendre immortelles et les faire briller à toujours.

Le monde qui allait venir allait nous plaire.

- On ira plus chez Bizou ?

- Ben non !

Mathieu Bizou était arracheur/importateur de dents et d'os au zirconium  comme aussi notre conseiller sourire. A la manière de chez Cofinoga, il fallait avoir sa carte d'adhérent pour bénéficier de ses nombreux avantages. Il possédait des cliniques un peu partout dans le monde et dispatchait sa clientèle en fonction de l'épaisseur du portefeuille de celle-ci.

Betty et moi, allions 2 fois par an aux Bahamas pour un détartrage. Quand on disait à nos amis qu'on partait trois semaines en vacances chez le dentiste, ils pensaient qu'on se foutait de leurs gueules ou alors qu'on avait souscrit à une cure sans trop oser préciser le motif.

- Mais tu dis que des conneries ! On fait pas des cures pour des dents !

- Quand tu supprimes les sagesses du fond, attends-toi à voir venir la débauche de celles de devant !

Durant nos séjours, et afin d' anticiper la perte de notre émail et revivifier le placenta de nos gencives, nous nous entourions de jeunesse. Pour quelques Mojitos de plus, on avait accès au surf en illimité et tout à un tas de colliers en coquillages qu'on se passait de tour de cou en tour de cou.

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