La sidérante vérité sur LE monstre
veroniquethery
Quand on pense aux monstres, on a instantanément en tête l'horrible Freddy Krueger aux doigts griffus, à son hideux pull rouge et vert et l'on entend sa voix susurrant sa comptine démoniaque :
« Un-deux… Freddy te coupera en deux
Trois quatre...remonte chez toi quatre à quatre... »
La réalité est proche de la fiction. Les monstres, je les rencontre chaque jour sur mon lieu de travail, à la mairie. J'y suis employée. Eh oui, je travaille dans la fonction publique.
Laissez-moi d'abord me présenter. Moi et mes conditions de travail. Quand vous approchez du bureau -je le nomme mon bocal-, vous constatez d'abord que l'administration, soucieuse de notre déshumanisation, m'a séparée de mes congénères. Des plaques en imitation chêne, décorées de croûtes hideuses réalisées par des artistes locaux qu'il faut vénérer afin d'obtenir des voix aux élections, sont censées nous donner l'illusion d'un cadre verdoyant. En réalité, tout ce que nous voyons de la nature, c'est la faune qui vient nous consulter.
D'abord, l'ours. Facilement reconnaissable. A peine entré dans l'ombre de notre antre, il se met à se dandiner d'une patte sur l'autre, comme si ses piétinements pouvaient faire avancer plus vite les bestioles devant lui. L'ours est grand et il domine, de toute sa hauteur, ceux qui le précèdent. Sa tête hirsute ressort et son regard éteint ne s'illumine que lorsqu'il croise notre regard. Alors, la bave apparaît aux commissures de ses lèvres et, plus il avance vers nous, plus son appétit semble croître. Sa voix est grave et il paraît gronder plus qu'il ne parle. Avec lui, il faut aller vite afin d'éviter qu'il ne fracasse notre vitre protectrice de ses points-pattes énormes. Ceux-là, je tremble toujours de les croiser le soir, en sortant du bâtiment. Et s'il m'attendait pour se venger de l'avoir renvoyé chez lui sans le document qu'il venait chercher. Est-ce ma faute, à moi, si ma hiérarchie exige tant de formalités ?
Ensuite, il y a la poule. Toute en rousse-blondeur. Tirée à quatre épingles. Une voix aussi haut perchée que ses talons, sur lesquels elle ne sait même pas marcher. Maquillée comme si elle voulait faire oublier ses origines domestiques. Mais, la basse-cour transparaît dans chacune de ses poses, dans chacun de ses gloussements, dès qu'elle aperçoit un chapon à l'horizon. Même pas capable de reconnaître un vrai mâle. Tout est bon, tant que c'est cochon. Et, son regard de mépris, quand il se pose sur vous, et sur votre robe de bas prix, parce que votre salaire de misère ne vous permet pas de mieux vous habiller.
Et puis, il y a l'autre. Celui qui tire la gueule, depuis qu'il est entré. Celui-là, ce n'est même pas un animal. Celui-là, c'est LE monstre. Celui devant lequel Freddy et les autres peuvent aller se rhabiller, parce que jamais ils ne lui arriveront à la cheville. Parce que ses chevilles, à lui, elles sont tellement grosses, tellement enflées, que l'on se demande comment il arrive à faire un pas. Pas une once d'humanité dans ce regard froid et vide avec lequel il vous observe, tel un oiseau de proie. Mais, lui, il n'a pas d'ailes. Il n'en a jamais eues. Et, c'est pour ça qu'il vous hait. Pas seulement moi, objet d'un jour de son ressentiment. Lui, c'est le genre humain qu'il hait dans son ensemble, qu'il abhorre, qu'il vomit chaque jour que le diable fait. Parce que ce monstre-là, il sait qu'il est un monstre. Il sait que jamais il ne s'envolera. Ni son pognon, ni ses relations, ni son éducation n'ont pu le libérer de sa détestation. Alors, il a recouvert ses griffes de vernis et il vous dessine un sourire, pour tenter de vous amadouer. Mais, il suffit de le contrarier pour voir le monstre se réveiller. Alors, il gerbe sa haine, vous écrase de son pouvoir. Il pense remporter la bataille, parce que, malgré vous, votre tête rentre dans vos épaules. Parce que, malgré vous, vous mourrez d'envie de vous réfugier dans cette carapace qu'au fil des années vous vous êtes forgée pour échapper aux ours, aux poules et aux monstres. Mais, je sais, moi, qu'il a perdu la guerre la plus importante. Celle qu'il livre contre lui-même. Jusqu'à son dernier soupir, le monstre se détestera.
Moi, j'ai appris avec effroi lors de ma dernière file d'attente municipale que mes yeux étaient devenus marrons après mon renouvellement de passeport. Ce texte est bien sympa, on n'a qu'une envie, que vous retrouviez vite les clefs de ce bestiaire de la bêtise.
· Il y a plus de 9 ans ·koss-ultane
Et de quelle couleur sont vos yeux ?
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Bleus mais comme je suis un frondeur, ils passent au rouge bien plus souvent que mon verre.
· Il y a plus de 9 ans ·koss-ultane
LOL
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Je crois que je vais de ce pas aller changer mon avatar en poussin ? euh non car trop de ressemblance avec la pétasse de poule. En porc...oui c'est ça en porc...y a pas plus dégueulasse. Même pas Freddy.
· Il y a plus de 9 ans ·erge
C'est tout mignon un tit cochon ! Et d'ailleurs : https://www.youtube.com/watch?v=zQv3dhpKdhQ
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Effectivement celui ci est tout mignon mais je ne m'y reconnais pas ...surtout avec cette queue en tire-bouchon !!
· Il y a plus de 9 ans ·erge
Superbe texte j'adore !
· Il y a plus de 9 ans ·ade
Merci ade !
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery
Bien vu !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
J'espère que la vengeance de la frisée te sied ?
· Il y a plus de 9 ans ·veroniquethery