La spirite.

Elle étudiait la sophrologie, c'est tout dire !

Un jour, va savoir pourquoi, elle m'invite à boire un thé chez elle. Comme si j'avais une gueule à boire du thé ? Peu importe, elle me dit d'emblée, alors que je n'avais pas encore ouvert la parole, trop occupé à essayer de m'asseoir sur un siège venu de l'espace, sans me casser la gueule et deux dents.

Elle me dit donc :

-         Je ressens, ce soir,  des ondes parasites !

-         Tu as fermé la porte de ton micro-onde ?

-         Tais-toi ! je ne voudrais pas être perturbée par de mauvaises ondes sceptiques…

-         Comme la fausse ?

-         Je perçois à présent un esprit critique qui négatise les fluides…

-         Après un vague ressenti tu en es déjà à la perception, t'es vachement balèze dans le décryptage des messages parallèles à la perpendicularité.

Allez savoir pourquoi, elle trouva mes propos méchamment ironiques, comme quoi, elle avait vraiment des dons devination, pour l'instant, la divination viendrait certainement plus tard. Quoi qu'il en soit, elle accepta de supporter ma présence dans ses exercices physiques de l'esprit à la condition que je me taise comme un Esprit qui ne répond pas. Bon, j'acceptais en sachant pertinemment que c'était perdu d'avance, c'est plus fort que moi, il faut toujours que j'ouvre ma gueule.

Elle dit :

« Concentre-toi Hervé, je vais invoquer les instances bénéfiques pour qu'elles établissent une relation de confiance et de sérénité dans l'espace de la pièce. »

Pour lui montrer ma concentration attentive et scolaire, je lui dis qu'effectivement je sentais comme une chaleur réchauffer mon fondement.

Il faut dire, que par mégarde je m'étais assis sur son NAC, une rate blanche  mimétique à la couleur de la banquette arrachée à l'OVNI. La pauvre bête avait dû être étouffée d'entré par ce contact du premier type venu, mais elle tenait encore bien chaud.

Il faut également dire, que la fille pour purifier l'atmosphère, laissait sa fenêtre grande ouverte sur l'air vicié de Paris à -2°Celcius, mais même à Londres en Fahrenheit, cela aurait caillé pareillement !

Mais reprenons le cours magistral de ma première séance de spiritisme. Je m'étais légèrement assoupi, à cause du thé que j'avais refusé et grâce au gin que j'avais accepté en compensation. Que voulez-vous, cette fille elle était soit thé, soit gin, soit djinn, mais ça je n'en bois jamais.

Bref, je m'étais donc, légèrement assoupi, quand je fus surpris par une présence froide et ectoplasmique glissante sur la conscience de mes mollets. Merde un autre NAC ! Un boa ou consort qui me passait sur les jambes en se frottant, le con, il voulait un câlin ou quoi ? Je ne l'ai pas fait exprès… ce fut un arc réflexe… par la fenêtre le tuyau !

Maintenant, la fille était tellement concentrée à recompter ses chakras dispersés au vent mauvais, qu'elle ne vit rien de la scène du serpent volant. Elle me dit ou dit à quelqu'un d'autre ou dit à personne en particulier.

-         Esprit, es-tu là ?

Silence…

Même si je ne soufflai mot, je trouvai que l'évocation manquait un peu d'originalité, je pensais bêtement que les jeunes spirites avaient trouvé des formules plus de djeuns d'avant.

Silence…

Je le rompis.

-         Et si tu lui demandais, s'il n'est pas là, l'Esprit, pour voir ?

Putain ! Elle me regarda comme si j'avais dit une grosse connerie. Attendez, il avait, très bien, pu s'absenter aussi, l'Esprit, pour faire une course. Je ne sais pas, ne serait-ce que le fait d'aller pisser, par exemple. Cela ne coutait rien de demander :

« Esprit es-tu parti faire pipi ? Si oui, un coup ! Si non, deux coups ! Si sans opinion, tire la chasse ! »

Bon, il parait que cela ne se faisait pas comme cela avec les Esprits et que l'on risquait de les contrarier en leur demandant s'ils étaient ailleurs. Un Esprit n'a pas le droit d'avoir l'esprit ailleurs, autrement ils perdent quatre chakras de chagrin.

En parlant d'esprit le mien n'était pas tranquille, je surveillais anxieusement qu'il n'y ait pas d'autres NAC pour me sauter dessus, me piquer, me mordre, me dévorer. J'avoue que les Esprits étaient plus cools que les bêtes tapis à me surveiller dans l'ombre des bougies.

Je quittais ma non-copine sans avoir vu d'autres NAC, ni d'Esprit d'ailleurs ou d'ici, d'ailleurs.

-         Tant pis ce sera pour une autre fois, t'inquiètes, les Esprits n'ont pas la tête à ça, aujourd'hui. Allez à bientôt, à la prochaine ! Oui on s'appelle… c'est ça… sans fôtte !

« A la prochaine sur une autre planète, oui ! » Pensais-je !

***

Je ne la revis jamais, la fille et je ne partis plus jamais en vacances à l'étranger sur une autre planète, des fois, qu'elle m'y attende avec une boule de cristal électronique, une e-crystal ball. 3^ème génération.