La statue grecque

jecrisdestrucs

Toute ressemblance avec un gros connard ou une situation de merde existante ou ayant déjà existé n'est absolument pas fortuite.

Il était là, à poil, dans mon salon. Des mois que je lui courais après. Dos à moi, cul nu. Putain mais qui a un cul comme ça. Je m'en étais bien douté derrière son jean mais pas à ce point. Je le regarde se déplacer, aller vers la cuisine. Il y a des mecs et c'est assez rare, dès qu'ils sont chez toi t'as l'impression qu'ils ont toujours été là. Tu ne veux plus qu'ils partent, t'envisages de péter ta clé dans la serrure. Le mec va bien sur ton canap, le mec va bien avec ta tasse, le mec ressemble à rien avec sa gueule de bois, toi on n'en parle même pas. Mais tu le bouffes des yeux. T'es une grosse connasse de niaise. Faut évidemment rien lui montrer. Alors tu bouges pas, tu le regardes se déplacer. Bordel t'as une statue grecque chez toi meuf, t'hésites à ouvrir tes fenêtres pour te la péter face à tes voisins ou à fermer les rideaux pour le garder pour toi. Il attrape une pomme et se met à la manger tout en dansant. C'est tellement ridicule et spontané que tu te mets à glousser. Rire, ça c'était hier soir quand tu faisais ta bonnasse. Là t'essaies pas, ou plus vraiment. Le peu d'énergie qu'il te reste c'est pour boire ton café. Et le mater.

Les jours passent, t'as pas vraiment de nouvelles. T'hésites à planter un pommier, le temps qu'il rappelle t'auras peut-être même un verger. Et là le mec c'est sûr, il ne repartirait plus. Mais bon t'es à Paris, ton idée de génie tu peux te la mettre bien profond, d'ailleurs ça peut même t'occuper, bref tu fais un truc beaucoup moins original, tu sors avec ta copine pour te changer les idées, et boire. Oui encore. Il fait beau, tu scrutes les mecs derrière tes lunettes de soleil. D'autres copines débarquent. Ça devient une activité à temps plein. Forcément tu te mets à parler cul, c'est bien beau d'avoir chaud mais ça donne des idées. Chacune y va de ses dernières histoires. Quand je raconte la mienne, une fille qui a cru qu'entre potes on se disait tout, me balance qu'elle se tape aussi mon mec à poil. Là elle aurait pu se lever, me gifler, me rouler dessus avec son autolib, me fracasser le crâne avec cette saloperie de rosé Listel que les ados boivent sur les quais, ça m'aurait fait le même effet. Et elle me raconte ça en rigolant. Et elle boit un Monaco. Une vraie pute je vous dis.

Ma statue grecque. Mon mec à poil. Mais bordel il allait trop bien avec mes draps Muji. Là en fait t'as pas beaucoup d'options, tu fais la meuf qui s'en fout devant ses potes. Et à lui t'es un peu obligé de lui mettre le nez dans sa merde. T'espères une réponse simple. Un truc qu'on écrirait tous en temps normal. Je sais pas au hasard : « c'est pas ce que tu crois - je t'aime - à côté de toi Emily Ratajkovsky est fade (il a mal épelé son nom mais on s'en fout c'est l'intention qui compte) - je vais te présenter à mes parents ». Mais bizarrement le mec au cul d'enfer te répond juste un « allez c'était cool sans rancune ». Avec le bol que j'ai son « c'était cool » faisait référence à ma pomme bio, pas à mes seins ou à mon cul ou à ma gueule d'amour.

Connard.

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