La vie

Quand j'étais plus jeune, je n'aurais jamais imaginé que la vie serait telle qu'elle : Quand je voyais les jeunes filles dans les films, je trouvais que ça avait l'air facile de vivre. Se lever, se regarder dans le miroir et se sourire en lâchant :  « c'est parti.  » Et puis vivre naturellement en suivant le chemin sous nos yeux. Je pensais que la vie était comme une échelle sur laquelle on grimpe avec l'aide de ses parents, sans aucun obstacle. Une fois arrivée en haut de l'échelle, à l'âge adulte, on s'envole facilement puisqu'on sait voler, et c'est ici que commence le voyage. J'ai très vite compris que c'était ce qu'on essaie de nous faire croire, pour nous rassurer. Comme si j'allais pas m'en rendre compte ! Je n'ai pas d'ailes. Chaque jour se ressemble, nous n'avons pas la possibilité de prendre une pause ou de tout recommencer à zéro.  Chaque chose est difficile et rien est naturel. Il suffit que tu tombes dans une famille un peu bancale et te voilà, à l'âge adulte, à ne pas être capable de faire des choses simples, destinées à un enfant de dix-ans  ! Il y a la guerre, des conflits, des personnes qui sont méchantes gratuitement, la violence, les maladies... C'est une blague ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ! Je suis coincée au milieu de cette échelle qui se met à craquer sous mon poids, je ne peux pas regarder en bas parce que j'ai peur du vide. Je ne peux pas regarder en haut parce que j'ai peur de l'inconnu. Chaque matin je me réveille avec surprise :  « Oh je ne suis pas morte !  » On ne m'avait pas prévenu que j'aurais aussi peur de la mort, aussi peur du vide. Quelqu'un a-t-il compté les maladies qu'il y a sur terre ? Comment tout le monde fait-il pour se comporter normalement tout en sachant qu'à tout moment, ça peut nous tomber dessus par manque de chance. C'est un cauchemar !