La vie de château

Hervé Lénervé

Je voulais faire une surprise à ma femme. J’avais réservé sur internet un weekend dans un château.

Le soleil brillait (the sun was shining), la température était confortable (intraduisible en anglais), la campagne accueillante. L'humeur était joyeuse en nous rendant en voiture à notre villégiature.

Mon navigateur me disait que nous approchions et quand je vis les contours du château se dessiner, je me dis que j'aurais dû lire, plus attentivement, l'offre d'hébergement. C'était incontestablement un château, mais fort le château, mâchicoulis menaçants, pont-levis levé et austérité à chaque meurtrière. Je vis également la déception sur le visage de ma tendre, mais elle ne me fit aucune remarque, juste une grimace.

D'autres clients étaient déjà arrivés et je ne saurais dire pourquoi, mais nous nous sentîmes (de vieux Francs) à part. Etais-ce nos tenues légères et printanières qui contrastaient avec ces côtes de mailles, ces armures saccadées, ces casses tête en sac à main ? Heureusement, de Gentils Organisateurs nous procurèrent des tenues plus idoines. Bon, mon armure était trop grande, mais je ne le dis pas, je ne voulais pas faire ma coquette. Le problème était que ma tête dépassait à peine dans le heaume (sweet heaume), du coup, je ne voyais pas grand-chose. Ma femme était belle en pucelle jouvencelle, du moins pour le peu que je pouvais encore en voir.

Les Organisateurs toujours Gentils, nous expliquèrent qu'avant de nous restaurer, nous allions participer à un jeu de rôle. Les hommes seraient répartis en deux équipes ceux qui défendraient le château et ceux qui l'attaqueraient. Du basique, c'était sympa ! Je posais la question à une colonne, car dans ma semi-cécité, je l'avais prise pour une GO.

-         Et que font les femmes pendant que l'on guerroie… la vaisselle ?

-         Non ! me répondit la colonne, deux solutions où les défenseurs garantissent la sécurité ou ils ne la garantissent pas et dans ce dernier cas, les femmes se font percées sauvagement par les assaillants, comme on disait prudemment avant, pour violer à tout vent.

-         D'accord, rien que du classique, quoi !

En jetant un œil à la dérobée et à mon épouse aussi, je vis que le classicisme moyenâgeux ne la séduisait qu'à moitié, elle n'est pas tellement joueuse, mon épouse. Bref, on m'octroya le rôle de défenseurs. Sur mes épaules reposaient donc, en plus du poids de l'armure, le poids d'éviter à ma femme l'ignominie d'un percement médiéval.

La bataille fut rude… les assaillants coriaces … les coups douloureux. Mais aucun ne réussit à franchir la herse et après une heure à nous massacrer allègrement, la trompette sonna l'arrêt des combats sur la défaites des assiégeants, les Anglais. Fair play, les britishs nous serrèrent la main et je devins copain avec celui dont j'avais ébouillanté le visage à l'huile bouillante à souhait et à cet effet. Sacrément cramé le roastbeef, il n'était pas beau à voir, mais toujours flegmatique, il me dit que « not at all), qu'il était bien mieux ainsi qu'avant et comme je ne me rappelais plus de son ancienne vilaine apparence, je le crus.

Les (Nice Organizers) nous dirent qu'on pouvait aller festoyer de grand faim, après tant de dépense d'énergie dépensée. Ils nous souhaitèrent « un bon appétit ! » (untranslatable in English).

Sur le retour, je surpris, sur le visage de ma tendre, une certaine déception puis en roulant elle me reprocha d'avoir été si véhément à défendre son honneur.

It was just a game, after all ! Me dit-elle.

  • C'est trop cool comme Smartbox ce genre de truc, but, all the live is a game after all, ... is'nt it ? :o)

    · Il y a environ 6 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • OUI et NON ! Je suis freudien, je pense donc, que la vie se joue sur deux scènes parallèles (si l’on veut). L’une bien réelle, physique et contraignante, c’est la scène commune à tous. L’autre fantasmatique, idéalisée et intériorisée, c’est la scène personnelle à soi-seul. Ces deux scène ne sont pas clairement délimitées, elles se mélangent, s’interpénètrent (il faut bien un peu de sexe en psychanalyse.) donc disons que pour moi, la vie est un jeu sur la scène personnelle (style Canal), mais elle ne l’est plus sur la scène commune (style France entière). Nous jouons avec nos envies, nos attentes, nos représentations et ne jouons plus avec les principes de réalité. (Le bus qui roule est prioritaire sur les désirs qui planent.) Que de sériosité dans tout cela, ma parole ! :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Un weekend moyen donc

      · Il y a environ 6 ans ·
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      julien-greco

    • Moyen, pour sûr ! Mais moyen-âge, quand même ! :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • : )

      · Il y a environ 6 ans ·
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      julien-greco

    • Totalement en accord avec tout cela en ce qui me concerne. Nous vivons une époque assez particulière car confortable. Cela laisse beaucoup, trop parfois, de place aux fantasmes, fantasmes qui nous font souvent oublier la réalité. Réalité plutôt morne ce qui nous renvoie avec plaisir vers nos fantasmes :o)

      · Il y a environ 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • Réjouissant comme texte, et hachement bien écrit, et en plus ce genre de week existe vraiment,, c'est trop drôle...

    · Il y a environ 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • C’est vrai que ça existe, il y a même des mecs et mequesses qui vivent au moyen âge toute l’année. :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

  • Et le château devint scène !

    · Il y a environ 6 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • les châteaux ont besoin de mes scènes ! :o))

      · Il y a environ 6 ans ·
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      Hervé Lénervé

    • Amis donnez !

      · Il y a environ 6 ans ·
      30ansagathe orig

      yl5

    • :)

      · Il y a environ 6 ans ·
      275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

      Mario Pippo

    • que les cols de chemises, s'il vous plait !

      · Il y a environ 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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