La ville, cette éternelle

cascar72

La ville, cette éternelle...

Le paradoxe citadin d'un homme qui se veut libre, mais dépendant de la foule ; l'affection des espaces verts au milieu de ces murs, de ces places, de ces rues vides éclairées, de cet homme tapi dans l'ombre, de ces centaines de regards perçants des chats noirs ; demain, le roi ici ! Le marché là-bas, les épices, les odeurs. Ce pavé lisse sur lequel les années sont passées, tes ancêtres, leurs pensées... On a démoli, on reconstruit, on se trompe, ça râle, on aménage, ils emménagent, ils viennent de loin, ça râle encore. Le matin à huit heures ils commencent à travailler, tu obéis, nous produisons. Des fois les banlieues se vident, des fois ils viennent en avion, des fois ils viennent à cheval, des fois ils viennent en voiture, des fois ils viennent à pieds. Les bus remplis de pensées vont au terminus, on s'exprime, on imprime, on échange, ça vient de loin, c'est rapide, c'est manuscrit. Ma ville grandit, le poème aussi, il y en a encore pour longtemps, ici aussi. Quelle heure est-il ? Midi et quart, l'amour s'expose assis sur les bancs de la cité, les graffitis, le roi passe, la cour le suit, son carrosse est en or, ils ont des épées, les convoyeurs de fonds ont des camions, des armes. Des arbres l'été, c'est l'ombre. Quelle heure est-il ? Midi et demi, c'est médiéval, la muraille les protège, c'est la guerre, la peste a gagné, les incendies aussi, ça râle, on reconstruit. Ils jouent à la marelle, l'école est finie, on va chez moi, deux pas et c'est chez toi. Le flic a peur du mal et toi tu crains le flic, en ville ils ont tous peur, en ville on pollue, la ville grossie, le poème aussi. On démolit, on fouille, c'est important, c'est classé, le roi y est passé, ça râle. Le soir, en quelques secondes les tentes pullulent le long du fleuve pour les âmes fatiguées qui ne travaillent pas. Je me réchauffe à la cheminée, tu manges dehors, c'est l'été. Le roi mange, le roi grossit, le poème aussi. Et ça recommence, demain la science travaille, dans les labos, on recherche, on recueille, on synthétise...

C'est tout une vie, c'est tout une ville, vieille merveille qui s'enracine dans son futur. Ville tu es là et moi dedans, ville tu me regardes et je te surveille. Eternelle

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