L'absolu du bonheur

Sébastian Poulain

"J’ai assez lutté, j’ai assez souffert, je me suis assez dévoré le coeur. Il est temps que le jour se lève; j’ai assez vécu dans la nuit." Alfred de Musset - La Confession d'un enfant du siècle.

On s'efforce de vivre pour tenter d'approcher un bonheur que l'on croit possible et qui nous est dû. De nombreuses personnes arrivent à atteindre ce but, par persévérance, obstination, ou simplement par chance et bonne prédisposition ; d'autres n'y arrivent pas ou n'y arriveront jamais. Le bonheur est une chose que l'on doit provoquer, oser, pour ne pas se traîner dans les fourberies du malheur. Beaucoup d'individus ne cessent de se morfondre, de dépérir rejetant toute idée d'un possible bonheur dans le futur ; ces gens-là m'irritent d'une certaine manière pour leur « glorification » de leur mal-être. Je ne suis pas entièrement heureux, mais il en va sans dire que le malheur ne fait pas partie de mon existence, malgré de nombreuses infortunes subies.

En réalité, le bonheur absolu n'existe pas, ou du moins il est tellement rarissime, qu'il ne faut plus y entrevoir un espoir de l'obtenir. Je suis heureux quand je suis avec ma famille, mes amis ou quand j'entreprends une activité que j'adore. La détresse se lit sur mon visage quand je me sens seul, incompris par les gens qui m'entourent, voyant ces imbéciles se tenant la main en affichant tout leur amour que je ne connais plus, et encore d'autres choses ; dans ces moments, on peut dire que je suis malheureux. Mais dire que je suis une personne malheureuse juste parce que je n'ai pas de chance dans mes relations amoureuses, pour mon dégoût de la société et mes quelques revers ; je dis non, car je refuse de me laisser entraîner dans les tréfonds de la tristesse, pour un manque d'audace de ma part ou par une période moins faste bien qu'elle dure depuis quelques années. Le pire affront que l'on puisse faire à la vie, c'est de ne pas oser.

Signaler ce texte