L'accroc d'Ursule

Jean François Joubert


La saison était belle, les poissons volaient, les chants des oiseaux nous étonnaient toujours, pas un cri ne venait ternir le soleil. Tout allait bien dans la contrée, je ne parlerais pas des vaches qui pêchaient en silence, dans de vastes pâturages. Moi, je sentais ce croc planté dans ma chair, dans mon cœur. Hier, pourtant j'étais allez à la messe, tout bas, j'avais prononcé ses noms d'allégresse. Je pensais allez en Grèce, y voire des murs de calcaire pour y voir plus clair. Jamais, je ne m'étais autant intéressé à moi, à mon cœur depuis cet accroc, cette vision, moi qui étais aveugle de nature. Je voyais, mais mal, alors j'entendais le cour d'un ruisseau, les papillons, les chats, les chiens et les souris. Un mâle solitaire en voyage interstellaire, toujours dans mes pensées, mais à l'écoute des autres, de leur souffle, de leurs mots. Ne pas voir était facile pour moi, je bandais mes yeux, les fermaient, cela m'entraînait dans un gouffre d'imaginaire, et j'étais l'imbécile heureux de la place. Quand je passais, le monde se taisait comme si il n'existait plus, mais moi je voyais sous ses malentendus qu'ils ne comprenaient pas que j'avais juste le cœur vide, prêt à être remplis.

Depuis mon enfance, je rayonnais, sous la pluie, je me transformais en nénuphar, bien vert, caché dans les roseaux. Je jouais, je jouais, sans cesse. C'est cela que ne comprenaient pas les autres, ils n'avaient pas lues les règles du jeu, et me laissaient en paix sous leur silence quand je passais, et les voix, les rires s'élevaient quand je tournais le dos. Sans riposte, je laissais les bruits courir et je n'avançais qu'à la vitesse de mes pieds, souvent en marchant, parfois en courant, si je voulais sentir l'air sur ma peau. Mais aujourd'hui, j'avais un croc planté au centre de mon corps, pourquoi ?

Un sourire m'avait parlé près de la fontaine. Au départ, je ne le voyais pas, je l'ignorais même, pour conserver l'innocence de mon cœur vide, et déverser mes torrents de peur à la messe. Mais ce visage était si gentil qu'il me faisait penser à l'ange Gabrielle, dans l'église. J'aimais l'arrogance du bâtiment, son toit trop haut et les voix, dîtes si basse, pour pas que les dieux entendent les pêchés. J'aimais aussi les dessins, ses peintures d'un autre âge, et les cierges que l'on faisait brûler pour que les têtes se remplissent, d'autre chose que de vilaines pensées.

Mais ce matin là, l'eau était douce est mon cœur avait pris un accroc, je n'imaginais pas la douleur des sens. Je voyais bien que des gens souffraient, alors je les laissaient rire sur mon passage, car j'étais l'âne du village, toujours là pour effacer les maux. Sans soucie, j'allais cueillir des fleurs, donner du lait aux veaux, et courir dans les champs, me roulant dans la bouse pour mieux me laver après. Je n'avais pas peur de l'odeur. Tout le monde me croyait aveugle, mais je voyais bien le fond des choses. Pourtant l'aube s'était levée très tôt, puisqu'une fois de plus je ne l'avais pas vu. Je savais qu'elle était passée puisque les rayons jaunes traversaient ma peau. J'avais ce breau à la main, la source coulait, et son visage me parla, ses dents me montraient un large sourire, et ses pupilles brillaient d'un feu que j'aurais dit sacrer. Je quittais la place, le pot à moitié vide, le cœur à moitié plein et j'allais droit vers le toit du curé, demander une confession. Je sentais trop le croc en moi, je devais me vider comme les autres. Quand j'arrivais alarmé sous le saint toit, je n'avais pas d'idées, sauf ce sourire qui me glaçait le sang, juste une image. Le curé fit semblant de m'écouter, il avait plus l'habitude que je lui parle des champs, des vaches, et du gros chien qui m'avait mordu la main, l'hiver dernier. La, je ne trouvais pas les mots, pour parler d'une femme, je parler de cette peau, tendu à ce faire mal, ses dents, si blanches, ses yeux si vert, ses cheveux d'un rouge ambrée. Lui, il comprenait à demi-mot, et rouspéter sur la grande place quand des gens se promenaient à demi nu, c'était un saint homme. Moins Saint que Gabrielle car lui n'avait pas encore de peinture au mur, et les ailes d'ange ne lui poussaient toujours pas au dos. Je sortais de là, vide, comprenant que pour une fois j'allais devoir trouver la solution, de mon problème, tout seul, et puis courir aussi vite que possible dans les champs. Le curé s'était alarmé, nous avions traversé le presbytère pour me montrer une fresque où j'allais arriver dans ma prochaine vie, si mes idées nouvelles ne me sortaient pas du haut du crâne. Le lieu qu'il m'avait montré était tout rouge, des tridents étaient portés par des hommes à longues queues, tout semblait si bizarre dans ce monde d'image, que je n'en dormis pas une nuit. Je m'agitais, comme personne, dans mon lit, la sueur au front, au dos. Je ne voulais pas quitter l'image aperçut hier, celle qui avait rendu mon sommeil léger, depuis que je voulais parler à son sourire. Le pot tombé, se casser, je devenais tout rouge et j'allais tout droit jouer comme m'avais prévenu le curé, aux enfers, en compagnie de ces hommes aux allures de dragons. Je n'avais jamais aimé jouer ni avec, ni contre le feu. Alors je tourner dans mon lit, devenu trop petit d'un coup, d'un seul, lui qui  était  offert par ma grand-mère et qui ne m'avait jamais trahis depuis plus de vingt ans.

 

L'aube au trois couleurs m'était apparue, je n'avais pas mal. Seulement excité, je voulais déjà partir vers la source du village, prendre mon breau, aller lire son sourire. Agité, mais sans fatigue, je pensais aux récits de mer que Monsieur Paul conter au retour de ses voyages. C'est lui qui m'avait donné l'envie de plonger dans l'eau chaude, et translucide de la Grèce. Il parler aussi de la mer qui devient blanche, alors je pensais aux dents de la belle, pas aux requins de Monsieur Paul, car j'avais déjà assez peur de la nuit et des ennuies promis par le curé. Levé tôt, plus tôt que le coq du village, j'allais réveiller le curé. De mine sombre, il m'ordonna de partir aux bois cueillir des champignons et de ne plus revenir le sortir de son sommeil, car dormir était sacré.

 

Sans comprendre pourquoi, j'allais en pleine été me lancer dans une course folle pour ramasser des champignons qui jamais ne se montraient. J'avais peur de ne pas revoir ce sourire, si simple, si beau, moi qui en donner tant à tout le monde, pour une fois, j'étais dans le désarroi le plus troublant. Je ne pouvais plus parler, et mes pas me conduisaient tout droit vers la source. Je n'avais pas mangé. J'entendais la respiration de mon ventre, et mon cœur avait les crocs. J'arrivais tout ballot, les épaules dansantes, et j'attendais sa venue, que hier soit réel, qu'elle existe cette déesse. Les bras de Morphée n'avaient pas voulues  de ma nuit, alors je remplissais le breau sans patience, assis sur le muret. Le soleil fondait, l'heure tourner, mes pousses s'agitaient, et le pot était plus que plein. Marcelle qui passait souvent devant moi, me héla :

 

« Et, l'idiot, qu'est-ce que tu fait, t'attend que des dents te poussent »

 

C'est vrai, que j'en avais perdu deux dans un combat contre un arbre. Je m'étais jeté dessus, fou de rage, l'arbre du haut de ces cent ans n'avait pas bougé, tout juste une feuille, et ses branches, quand à ses racines, elles étaient bien plantées, mieux que mes dents. J'ignorais cependant que cette mésaventure faisait rire à mes dépends. Je l'apprenais, mais cela aussi je l'oubliais  vite. J'avais un peu ce souvenir de l'école, où je ne retenais rien des leçons. Rien chez moi n'était retenu parcoeur, tout filait à l'abandon dans les cases étroites de mon cerveau, c'était pour cela que l'on me laissait vivre de l'air du temps, tranquille, avec juste ce devoir d'aller conter mes aventures, une fois par semaine dans la grande maison, celle où l'homme en noir donnait ses sermons. Là, non plus je ne comprenais rien à leurs histoires, je préférais m'asseoir au comptoir du bar du village, entendre le son rauque de la voix de Monsieur Paul quand il revenait de voyage. Mais elle n'était pas revenue !

De dépit, je courrais voir les poules, leur jeter des graines, elle étaient aussi simple que moi, je n'aimais pas quand elles se bataillaient, mais j'aimais les voir courir en tout sens, moi, qui n'avait pas de télévision, trop chère, et trop violent avait dit Monsieur le saint Père. Des gens comme moi, on en trouvait peu, et je sentais que tout le monde avait de l'affection pour ma personne, mais personne ne m'avait jamais donné un sourire tel que ses deux yeux, ceux que je trouvais dans mes nuits noires.

 

Depuis l'accroc, j'allais tous les jours qui passaient à la place. Je n'aurais donné à personne ma place pour remplir le breau de Madame Germaine, ni nourrir ses cochons, alors que j'entendais plein d'histoires de ses bêtes là, au village. Paraissait-il que nous fussions tous des bêtes à bon dieu ?

Et les gens s'entendaient tous à dire que j'étais le plus bête, un seau, moi cela ne me gêner pas pour vivre de porter le seau des cochons, je voyais bien la différence, entre lui et moi, mais je préférais rester aveugle, quand ce genre de discours venaient. Je sentais qu'ils étaient triste accrochée à la chaîne du travail, alors que moi, j'étais libre. Aussi libre que l'air, alors je pouvais courir dans les champs de moutons, les bras tendus pour montrer, aux autres, aux hommes, que moi aussi quelque part, j'étais un avion. Je volais, car je n'avais pas oublié ce jour où Monsieur Maxsens m'avait fait voler. Il y avait beaucoup de bruit, les ailes de l'avion restaient rigides, pas comme celle des oiseaux, sauf quand ils planaient Depuis, que la belle fille et son sourire étaient passés sur la grande place, je ne comprenais plus rien à ce qui m'arrivait, les nuits étaient, soient, trop longue, soient, trop courte, suivant que son visage où non apparaissait. Je dormais de moins en moins, et j'allais de moins en moins courir dans les champs et cela contre les indications de Monsieur le curé. Je ne mangeais plus à ma faim, le village s'inquiéta de ma lueur dans les yeux, je paraissais triste, alors que je n'avais jamais eu autant envie de vivre, d'être heureux. J'avais beau passer pour un débile, mais la fille en jupe courte, n'était pas une illusion de mon esprit. Elle vivait, mais où ?

Des mois passèrent, car je ne parlais pas. Aveugle et muet, le sot du village. Les langues se déliaient, la cacophonie prenait place derrière mes grands pas, mais que lui arrivait-il au sot, il ne courait plus, ne mangeait plus, et les vaches avaient perdus de leur distraction favorite, elle aussi faisait grise mine. Le monde semblait tourner à l'envers, et personne ne savait pourquoi, enfin tout le monde avait deviné la raison de cette infortune, le savait amoureux fou, mais le village préférait ce taire sur cette blessure, personne ne voulait en ouvrir une autre. Les blagues sur la pauvre âme continuaient, mais elles étaient moins franche, on parlait moins fort, tout le monde avait de la peine, car la jeune fille était intouchable pour un homme aussi simplet d'esprit q'Urusul. Ce cadeau de la naissance, il l'avait reçu, maintenant les villageois comprenaient que c'était lui, et lui seul qui faisait la pluie et le beau temps d'Irvignac Depuis l'accroc au cœur, tout allait de travers. La tristesse s'était abattue d'un trait fin sur le village, une sorte de bruine pour une blonde et son sourire délicat. La belle était repartie, les jours se comptaient sans lendemain. Le curé n'y pouvant rien perdait de la clientèle en paroissien, heureusement que Monsieur Paul allait bientôt revenir de son voyage, il ne parlait pas que de la mer, mais aussi des femmes. Le mardi suivant, après l'enterrement du coq du village, car chacun le sait un malheur n'arrive jamais seul, c'était le grand retour du conteur et de ses histoires à dormir debout. L'homme revenait des Galápagos, jamais il n'avait vu autant de bête sans un fil, sans une laisse, sans une clôture. Les histoires étaient merveilleuse, le bistrot ne désempli pas, la bière moussait à souhait, les litres de vins circulaient sur les tables, les arguments d'une bonne soirée étaient là, sauf qu' Urusul n'était pas là. La lumière du bar le montrait, isolé, près de la source, près à pleurer. Jamais, il n'avait eu le regard aussi clair sur le fond de son cœur, il ne voulait qu'elle. Le lendemain, on le vit curieusement calme et souriant, il allait à l'épicerie, tous les esprits curieux se demandaient ce qu'il allait faire comme commission pour être si souriant Urusul voulait aller se baigner pensait Germain, un autre faisait le guet pour savoir, et après un temps moins long que certain, l'épicière sorti elle-même pour annoncer la nouvelle, Il voulait aller en ville et il était venu demander les heures de départ, de retour, ne sachant pas lire autre chose que la droite de hauteur du soleil. Le sot avait de la chance, la canicule ne prévoyait pas de nuages. Tout le monde s'inquiétait, un peu, de ce désir. Mais il avait choisit et le curé avait beau courir derrière le car pour ramener sa brebis égarée hors de son champs, Urusul semblait prendre le bon chemin, à Midi sonnante, il quitta le port.

Je n'avais pas quitté Irvignac, Pourquoi le faire, Monsieur Paul le faisait pour tout le monde, et mes yeux se rallumaient qu'au comptoir du bar, quand sa forte voix se mettait à clamer ses aventures. Les sièges du vieux car étaient moelleux, des plus jeunes que moi, chantaient à l'arrière, ils se moquaient du débile aussi, celui qui allait à la ville pour la première fois. L'épicière m'avait donner les horaires du car, pour partir c'était facile, le soleil au plus haut, moi je n'avais pas regardé cette astre puisque quand il se trouve à cette hauteur là, il fait trop mal aux yeux, et que je n'étais aveugle que dans mon cœur. Le retour serait moins facile, je ne pouvais pas attendre sur le talus le passage de la vieille bête, et de son moteur qui ronronne, de ses gaz noirs qui s'échappent, je devais trouver la gare, et je ne savais pas à quoi ressemblait une gare. Mais tout cela n'était pas un problème, car j'allais trouver la piste de la belle, celle qui ne m'avait laissée en guise de message qu'un sourire. Mais quel sourire !

Les premiers pas dans la ville furent bien curieux, je n'avais jamais vu de maison aussi haute, je demandais à un voisin plus souriant que les autres, il les appela des immeubles. J'étais entouré d'immeuble, et moi dans tout cela je cherchais la source, celle où la jeune fille allait prendre son haut. J'étais sur, persuadé, qu'elle vivait dans cette ville, je ne comptais pas mes pas, mes pieds me lançaient sur la route, pour un peu l'espoir m'aurait fait danser comme ses jours de fête, 14 juillet où 15 août. J'avais à chaque coin de rue le sourire sur la face, du Nord au Sud, je me baladais, en disant bonjour à tout les passants, eux me prenaient pour un fou, où répondaient en riant, parfois fatigué de chercher, je demandais ma route, celle de l'eau, pas de l'haut de là, celle là le curé me l'avais maintes fois expliquée et c'était pour cela qu'il courait dans la fumée noire de l'échappement Quand enfin , je trouvais la place, je fut surpris de voir l'eau s'élever en colonne, et des enfants qui couraient entre les geysers. Jamais je n'avais vu cela, ça devenait arc en ciel, sur le sol, sous le soleil. Sur cette place, plus grande que celle d'Irvignac, je ne trouvais que des enfants et des bancs où des gens causaient avec des aires d'importance. Je trouvais des marches pour poser mes pieds, mes fesses, fatiguée de chercher dans le vide du cosmos, une phrase de Monsieur Paul qui parfois déviait sur les étoiles, moi je les inventais, une de plus chaque soir. J'aimais partir sous le toit de la lune, regarder le ciel, notre ciel et me dire que peut-être qu'il n'y a qu'une planète d'habiter, je mesurais ainsi la chance d'habiter Irvignac. Mais elle n'était pas là, je sentais le froid qui gagnait sur moi, je devais rejoindre la piste de la gare, en espérant toujours que le hasard me glisse un regard. Une gare, l'épicière m'avait prévenu, la ville ce n'est pas un endroit pour toi. Je ne comprenais pas pourquoi, et j'avançais vers la droite, à chaque carrefour bordé d'immeubles toujours plus haut, je pensais à elle en regardant le ciel. D'une fenêtre, d'un balcon, je l'aurais peut-être croisée, mais rien, pas une image. Je voyais les autres fleurs passer sur des passages piétons, mais mes yeux allaient en déraison, dans tous ses passages, je ne cherchais qu'elle, mon sourire d'Irvignac, et la gare des cars, bien entendu. Cette nuit là, je ne trouvais personne, ni la fille du seau, ni la gare, mon billet retour froissé dans la poche, je pris toutes les rues, ruelles à gauche, toujours surpris de voir le nombre d'habitation, et je trouvais la place aux jets d'eau, plus un seul enfant ne s'y amusait, un banc, fit office de lit, un toit sans toit, pour une nuit sans lune.

Le lendemain, je repartais à la chasse, un peu, comme ce jour où le curé du village me demandait en été d'aller cueillir des champignons, je savais que le jeu était perdu d'avance, mais j'y laisserais toutes mes forces. Mes chaussettes ne sentaient plus la lavande, et mon ventre criais gare, quand moi je la cherchais. Une fois, je fus éblouie par autre chose que le soleil, je croyais vraiment la voir, je courais, et la sirène des pompiers me réveilla, je rêvais, c'était une illusion, la mienne de vision ne portait pas chapeau. Par une simple coïncidence, je tombais sur un homme d'une soixante d'années qui su trouver des mots pour me dire que je devrais rentrer chez-moi, j'étais en guenille, je la trouverais une prochaine fois, munie d'un plan. Gentiment, il m'accompagna aux cars, me laissa sur le banc numéro trois, et je devais, selon lui, ne plus bouger d'un pouce. Ce qu'il me demandait était trop difficile pour moi, je bougeais toutes mes mains, tout en attendant que ce car, veuille bien venir se présenter. Des heures et des heures d'attente, et la voilà, c'était elle, elle portait un haut le corps vert, et une robe lumineuse et courte. Je ne bougeais plus le pouce. Je venais de comprendre ce que le vieil homme, m'avait dit, elle s'installa près de moi, sans peur, moi, j'avais des frissons dans le dos, une sueur froide, des maux de ventre, je ne parlais pas. Jamais, je ne m'étais sentit aussi bien. Je fixais son ombre au sol, et même cette ombre souriait. Complètement coincé, auprès d'elle, je ne savais pas que dire, que penser, alors je ne penser plus, et c'était agréable, un flou artistique, identique à ces images d'ange sur les murs de l'église, ces murs que le curé voulait restaurait et qui obligeait les villageois présent à la dominicale de donner plus qu'il n'escomptaient pour se laver de leur pêcher. Moi, j'allais à la pêche, je coupais du bois et portais les commissions, ce qui me permettais de vivre sans faim au village. Ici, en ville, s'était impossible, heureusement que je connaissais les fontaines, sinon la soif m'aurais ramassé en trois jours. Les gens étaient plus malins, j'étais toujours l'idiot, mais personne ne riait avec moi, l'on s'amusait de ma différence. J'avais un peu honte de sentir son parfum, sans lui dire, que je ne respirais plus que pour elle. Elle, elle restait fidèle à son image, splendide dans son allure, les cheveux jouaient contre le vent, sa main que je devinais si douce balayait son regard, d'un vert intense, un lac de nénuphar, mais cela je crois que je l'ai déjà dit. Le car turbulent arriva, jaune poussiéreux, la fille sans prénom s'installa devant moi, jamais je n'avais été autant heureux. Je voyais sa nuque, nous étions bien tout les deux, elle sentait que je l'aimais, même si ce mot m'était, à ce jour inconnu. Le voyage fut long, et bon dans sa douceur. Incapable d'entrevoir d'autres douleurs que les mots cités avant, j'étais gaie, et enchanté, les chansons me berçaient, je ne savais pas combien de temps la jeune fille allez rester à Irvignac. Je savais simplement que je la verrais plus longtemps. Le car nous déposa sans encombre, je regardais ses souliers partir vers le haut de la colline, c'était donc là quelle habitait !

Je restais sur ma roche, longtemps à contempler ses jambes, je savais que durant tout son séjour, je n'arriverais pas à dormir. C'était comme cela, et je le dis sans humeur, l'Amour est comme cela, seul, où bien à deux, on commence toujours par ne pas dormir. J'allais regagner ma couche, un lit devenu trop étroit pour mes simples pensées, je me tournais, retournais sans cesse, puis je décidais d'aller près de la source, l'attendre. Le boulanger réveiller me pris pour un fou, quand je le saluais en passant. La assis, les étoiles pour seules guides, je savais que demain le temps de mes humeurs serait au beau fixe, et que les hirondelles voleraient de bas en haut.

La nuit fut courte car pleine d'idées, pleine d'espoir, j'en oublier même la raison d'être assis là si proche de la source, sans breau. Demain, il fera beau, et si les bateaux restent aux quais par une de ses mers blanches, ce ne sera pas de ma faute, car je n'implorais personne, je ne voulais voir qu'elle, et si les îles se cachaient, cela ne me ferais pas de peine, car ma vie était jouée, prise au piège d'un cœur net et sans bavure, je n'attendais plus qu'elle pour faire le ménage, éliminer l'accroc. Le matin alarmé, le boulanger avait fait circuler le message, que je devenais fou, plus innocent, et que j'étais capable de tuer. Les hommes qui naissent comme moi, munies d'idées simple on s'en méfient, quand ils changent…

Jamais, je n'avais vu les villageois d'Irvignac les yeux gris, ils passaient près de moi, sans parler, sans messe basse. Je sentais l'alarme, les peurs ancestrales qui revenaient, mais je restais solide, sans pot, près de la source attendant, sagement, que le temps trépasse, et peut-être qu'aujourd'hui, j'aurais mon sourire. Bien sûr, que j'étais malheureux dans ma peau. Je n'allais plus dans les champs, je ne nourrissais plus les cochons, mais mon fond d'innocence me disais :

« Laisse couler le temps ! »

 

Ce n'est qu'en milieu d'après-midi, que ces chaussettes blanches arrivèrent sur la petite place. Ses cheveux longs cachaient ses yeux, mais pas ce sourire exquis, elle était belle, nature. Je me levais un peu précipitament, pour lui laissais de l'espace, je voulais tout mais surtout pas l'écraser, la renverser, j'étais sot, et grand. Elle s'approcha de moi, sans peur, j'avais des envies de pleurer. Elle posa son pot sous la source, et dit, je m'appelle isabelle, et toi. D'aveugle, je devenais muet, mes mots restèrent coincé, mais ma tête criait Urusul, Urusul, je suis d'Irvignac, j'ai un toit et plus de parent. Les UR, UR, UR, restèrent dans l'air, et elle me dévisagea et me dit :

«  Je le demande, mais je le sais déjà, car j'ai demandé »

Cela me débloqua un grand et large sourire à mon tour, et je pus enfin m'exprimer :

« Urusul d ‘Irvignac »

« Monsieur d'Irvignac, je ne savais pas que le village vous appartenez » et elle s'envola d'un grand rire, son pot plein à craquer. Je ne pouvais suivre que son dos, toute la paroisse savais, connaissais mon mal, et ils avaient mal pour moi, car cette Amour paraissait impossible, un de ses contes qui finissent par plein d'enfant, le saint-esprit ne le voudrait jamais. L'on ne se marie pas avec un sot. Je partais l'air guilleret, j'avais eu ma visite, et ce jour là j'allais faire mes commissions, je retrouvais mes habitudes, surtout, faire l'oiseau dans le champs, et m'asseoir en compagnie des vaches, paître une herbe, retirer le suc, la saveur de ce brin d'herbe sans savoir pourquoi. Le curé vint me voir, il était préoccupé par mon histoire, les fresques auraient bien du mal à être restaurées, si le niais du village s'abandonnait, lui aussi à la luxure. Pour une fois, je ne l'écoutais pas. Je ne l'avais jamais vu avec une femme, alors pour moi, il pouvait difficilement en parler. Je mâchouillais mon herbe, un délice, et j'attendais demain, pour que la journée soit de cœur. Au bar, l'on m'avait appris à jouer aux cartes, le trèfle de la chance, le pique sans un mot, et le carreau comme les vitres. Je ne gardais que le cœur et le pique, deux de mes valeurs. Jamais, je n'avais fait exprès de ne pas écouter le prêtre, mais là je savais que sur ce domaine là, il ne connaissais rien. Je lui laissais ses images d'un autre temps, ses mots de Satan, de diable et tout l'imaginaire inscrite dans la grande église. Moi, j'avançais tel un rebelle sans couverture, ma nuit serait agitée. Je ne passais pas au bistrot écouter les mots du jour, où les contes de Monsieur Paul. J'allais directement chez l'épicière, demander qui était cette jeune fille qui n'était pas pour moi, où elle habitait. L'épicière connaissait tout le monde et leur donnait des notes comme à l'école, elle ne pouvait pas me mentir et me dit :

« C'est la petite Renanaise, la petite isabelle ! »

J'avais une information qui me remplissait de joie, enfin je savais qu'elle reviendrais, déjà je pouvais vieillir en paix, pas de la façon de Lucien, celui qui avait perdu une jambe en 1515, où je ne sais plus qu'elle année. Le baume au corps, j'allais me laver. Je devais être propre, de l'intérieur, et de l'extérieur, si je voulais la revoir. Restez demain à attendre, c'est ce jour là que j'appris à compter les minutes, mes yeux en ont encore mal, mais revenons au fond de l'histoire. Le soleil tapait, qui je ne le saurais jamais, peut-être, moi et ma conscience, pourtant j'étais tranquille, aucun petits lutin n'étaient venues me déranger, mais le temps, était long, une bien longue journée, c'est là que j'eus l'idée, un peu tard, vous me dirais, car la lune me disais bonjour, de monter à la colline. Elle était pleine à craquer, la lune, et je suivais une piste, un chemin où tant de pieds étaient passaient que je savais que j'allais vers sa maison. De toute façon, sur la colline, on n'en comptait que quatre, et presque jamais habitées, les vieux étaient morts. J'espérais que ce ne soit pas de trouille, car vivre si haut quand on est vieux cela peu donner le vertige et comment allez chercher de l'eau si les jambes n'avancent plus ?

Pourquoi choisir d'escalader une colline au lieu d'aller sagement dormir ?

 

Ça, s'était une question, moi qui ne m'en posait pas beaucoup de questions. J'avançais dans ce noir étoilé, je cherchais ma route, celle qui efface les doutes. Ce fut une lumière, dans une maison au toit de chaume. Je restais dans mon silence à l'écoute des grillons, des grenouilles, à l'affût d'une ombre, d'un geste, d'une parole. Puis, l'herbe et la paille de ma couche, me permirent de m'endormir comme un jeune loup, assoiffé de sa peur. La rosée et un chant d'Isabelle me rappelèrent à l'ordre, ainsi je me levais souriant au passé. J'allais certainement la voir, l'apercevoir. Je pensais à ce nuage sans nom celui que j'aimais tant les jours où il me proposait ses vagues, sa rondeur, un peu grise. Je ne comprenais pas mon cœur, plus très net, un peu plus malheureux chaque jour, et son contraire en même temps. Je m'en voulais de ne rien avoir appris à l'école, car je savais qu'elle ne s'occupait que de cela, pendant que moi je nettoyais les vitraux de l'église. Je sortais de ma cache, près à descendre au village, le short mouillé par l'herbe moite. J'avais cette chanson dans la tête, une histoire de »tourbillon de la vie », je fredonnais cet aire là pour la première fois, et des frissons allaient sur ma peau. Le village était moins bas que haut, puisque j'arrivais à ses pieds plus vite. L'ensemble des habitants d'Irvignac me faisait la grimace, sans comprendre pourquoi, je laissais le silence en guise de réponse, moi je n'avais rien fait de mal, je changeais mes habitudes, c'est tout. Ma vie prenait de la couleur, puisque je savais qu'elle vivait, qu'elle existait et que parfois sa voix, si douce fredonnait une chanson. Dimanche, la fête nationale venait au village, il y aura un bal, j'étais sur qu'elle viendrait. Encore trois jours, je devais les compter, trois lunes, trois soleils, et je la verrais danser. En attendant, chaque jour j'allais la voir prendre son eau, et le village riait de nouveau. Je les amusais quand ils me voyaient m'asseoir près d'elle, à simplement voir ses battement de cils, eux qui faisaient battre mon cœur. J'ignore pourquoi, son image me ramenait à des idées fixes, mais je les gardais bien au chaud ses idées, car je voulais vivre avec. Depuis que j'étais transformé, plus rien ne me touchait. Il est vrai qu'avant elle, la vie était plus simple, je tournais dans Irvignac, tout le monde m'aimait moi et mon seau. Maintenant, certains voyaient en moi, une image du diable, j'avais pris le diable au corps, paraissait-il ?

Une drôle d'idée, car je n'allais pas aux champs, et je n'avais pas de fourche. Je mangeais moins bien, et je perdais du poids, mais tout cela n'était rien quand je sentais mon corps frissonner à sa vue. Isabelle commença à me parler, histoire de voir qui j'étais, puis je l'accompagnais chez elle, en portant le seau. Elle souriait aux vents mauvais, ceux qui détruisent des forêts, elle aimait la nature, et savais rester simple. Des mois, ce passaient, des été, des automnes, des hivers, et le printemps, mon préféré, jupe courte et oiseaux qui s'éveillent. Nous avions nos habitudes, quand elle revenait de la ville, je pouvais l'embrasser sur la joue, la droite et la gauche, pas de jaloux. Pendant son absence, je reprenais ma vie d'avant, et seule les histoires racontées par Monsieur Paul m'amusaient, car Isabelle, bien plus jeune que Monsieur Paul, en avait des histoires pleins la tête, ses paroles étaient un champs, mon silence à ses côtés une respiration. Je connaissais les pirates, la guerre et ses nations, mais je n'avais jamais entendu l'histoire de ce « petit prince » qu'elle connaissait parcoeur. Je l'aimais cette histoire, et un soir quand je demandais à Monsieur Paul de me la raconter. C'est une tape dans le dos et une parole que je ne compris pas.  Le petit prince  sa n'existe pas, mon petit, moi, ce que je te raconte c'est la vrai vie !

Je sortais, légèrement désabusé, la vrai vie, je la voyais tout les jours, sauf ses jours gris dans ma tête, où isabelle restait à la ville. Nous avions pris l'habitude de se voir, et curieusement, je voyais quelle prenait de plus en plus souvent le car. J'attendais sur une pierre chaque jour, et parfois, j'avais la délivrance. Ce n'était plus son image, mais elle vraiment qui arrivait, toujours le teint rose, et le sourire en coin, les yeux plus vert qu'une pastèque pas mûr, je ne pouvais qu'être heureux, moi qui n'étais qu'un imbécile. Nous partions tout deux nous baigner à la grande motte, dans le bassin, quand le froid nous le permettait. Moi, l'hiver ne me faisait pas peur, mais elle avait des principes et ne se découvrait qu'au mois de Mais. Un jour, je fus surpris nous taillons notre chemin dans un champs, quand elle me pris la mains, la je n'avais plus un doute j'en avais le cœur net, elle m'aimait…

 

Plus d'accroc dans le cœur, moins de silence dans les yeux, je pouvais avançais dans la vie, fier, les épaules hautes.  

 

 

 

 

 

 

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