L'actualité artistique nous raconte le rêve américain...

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L’actualité artistique nous raconte le rêve américain…

Parce que l’Art nous raconte l’Histoire, plongeons-nous  dans le rêve américain pour en  toucher l’envers du décor  à travers l’actualité artistique du moment.

Le centre Pompidou, courant 2010, proposait une exposition intitulée « Dreamland » (pays du rêve), nom d’un parc d’attractions américain qui vit le jour en 1904. On y découvre notamment l’évolution du paysage urbain et l’origine de ses modifications sous l’influence des parcs d’attractions et des expositions universelles. Cette notion de rêve s’est  peu à peu immiscée dans notre réalité, dans nos lieux de vie de prédilection  : les villes.

Alors que l’on peut  lire sur les billets d’un dollar la devise « In God we trust », Las Vegas, la «ville-attraction » par excellence , est appelée la ville du vice: un lieu où les concepts de spiritualité et religion n’ont pas leurs entrées, où la morale est traitée en ennemie . Les casinos se multiplient comme les églises au Moyen Age. Les jeux d’argent qui s’abritent derrière des édifices aussi magiques qu’illusoires suggèrent  que l’argent et la vie sont faciles et que par conséquent  l’un comme l’autre n’ont plus de valeur. Quoi de plus symbolique qu’une machine à sous pour incarner l’illusion que l’argent fait le bonheur, et que celui-ci est facile à obtenir ? Véritable «distributeur automatique de bonheur en barres» dans un monde où le matériel devient finalité, le Casino connaît un succès incroyable à Las Vegas et détourne symboles et valeurs morales pour créer un lieu aussi magique qu’irrationnel.

Las Vegas, produit d’une Amérique aux ambitions sans limites, va plus loin encore dans l’illusion. Née au cœur du néant, elle pille  véritablement les identités culturelles des pays qui composent la planète pour se créer une identité hybride en jouant ainsi avec les repères culturels.  C’est de ce «copié-collé» que naîtra cet espace à la frontière du réel où l’on peut voir la Tour Eiffel côtoyer les Pyramides d’Egypte. L’Amérique et sa folie des grandeurs parvient  à créer du grandiose à partir de rien! Tel un mirage, Las Vegas, incarnation du «rêve américain» prend forme au milieu d’un désert.

Cette idée de «rêve américain» selon laquelle l’on peut partir de rien et atteindre les sommets, est aussi incarnée par le destin du jeune peintre prodige Jean Michel Basquiat, à qui le musée d’Art moderne de Paris rend un bel hommage. Né en 1960 à New York, d’un père haïtien et d’une mère portoricaine, il a marqué l’histoire de l’Art en l’espace de huit ans. Tel un grand roi, il fut couronné de gloire de son vivant et grava de son génie le marbre de l’Histoire, du moins celle de l’Art.

Il  fut rapidement propulsé au rang des grands artistes de son époque après avoir, un temps, tagué les murs de la ville et vendu des cartes postales issues de sa création. Celui là même qui avait vécu dans la rue avec presque rien se retrouva sur le devant de la scène artistique. Véritable produit de son époque il était très influencé par la télévision, la publicité, les bandes dessinées  et l’univers de la consommation, omniprésent au sortir des Trente Glorieuses qui l’avaient vu naitre et grandir.

Basquiat, génie de la peinture et prophète de son temps, au faîte de la gloire et de la fortune,véritable étoile filante dans l’histoire de l’Art mourut d’une overdose à l’âge de 27 ans. Passé de l’ombre à la lumière le temps d’une courte vie,  il continue d’illuminer le monde de l’Art grâce à ses œuvres incroyablement mystérieuses et profondes.  Son œuvre intemporelle, continuera longtemps d’illustrer la grandeur, la douceur et parfois la cruauté du «rêve américain».

Ainsi, ce formidable terrain de jeu que propose l’Amérique à ses citoyens permet des libertés telles que chacun peut les emprunter dans l’extraordinaire ascenseur du «rêve américain» et  atteindre des sommets aussi  vertigineux que  les ambitions de ce pays. Mais il comporte également sa part de noirceur et ses effets pervers.

Ce sont certaines des dérives d’une société de tous les paradoxes, que met en lumière l’exposition sur Larry Clark, qui se tient en ce moment même au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Né le 19 janvier 1943 à Tulsa, Larry Clark aux Etats-Unis est photographe et réalisateur.

Ces séries de photos mettent en évidence une perte de repères de la jeunesse américaine et les dérives que cette perte engendre. Dans un univers de liberté  sans bornes , on y observe notamment le quotidien de jeunes Américains qui, en perte et en quête d’identité dans une société de tous les possibles, testent leur limites en expérimentant notamment les drogues et les armes à feu. Dans un monde où tout est devenu  réalisable, la jeunesse  se perd dans  l’immense étendue de ses libertés et s’abîme dans le désarroi que l’Etat américain , leur propre père, se refuse à voir.

Tel un mirage que tout le monde désire capter, véritable moteur de ce pays, le «rêve américain»  pose les bases d’une nation qui se veut garante de  la liberté de ses citoyens et où chacun est maître de ses rêves et de son destin. Et parce qu’il n’est pas de rêve sans désillusion, pas de liberté sans excès,  l’Amérique paie chaque jour à travers ses dérives, la rançon de sa gloire.

 Si par ailleurs vous êtes intéressés par une analyse détaillée des expositions abordées dans le texte, je vous renvois à mon blog :  http://philoetart.over-blog.com/

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