Détox pour les hommes, info ou intox?

JE NE SAIS PAS POUR VOUS MADAME, MAIS POUR MOI, LE 2 JANVIER, LA BALANCE A RENDU UN JUGEMENT SANS APPEL : + 3 KILOS. APRÈS QUELQUES HEURES DE DÉNI : « MA BALANCE EST-ELLE VRAIMENT INTELLIGENTE ? – UN SLIP EN COTON ÉPAIS PEUT-IL PESER 3 KGS ? ». IL M'A FALLU PRENDRE LE TROP/GROS PAR LES CORNES : OK POUR ESSAYER UNE DÉTOX EN 2 JOURS !

Facile, en début d'année toutes les revue féminines qui veulent vendre vous en propose une, et ça marche, non ? La méthode que j'ai trouvée, avec sa belle photo de fruits et de légumes m'a mis en appétit …Allez, YAKA ! Des filles y arrivent, alors pourquoi pas moi ?

La veille au soir pré-en-bulles prometteur : « on met son estomac au repos » : génial, si je comprends bien mon dernier vrai repas sera celui de ce midi, ce qui veut dire en gros - c'est le cas de le dire - que les 2 jours annoncés au départ viennent d'augmenter d'un demi, et là je ne parle pas d'un demi-pression ambré à la mousse épaisse et onctueuse ! « Boire une tisane à 17h » : tiens qu'est-ce que je vous disais, inutile de passer à L'étable des complices pour l'apéro, leur seule tisane c'est leur mixture-perso de fin de soirée à base de génépi/chartreuse. « Une soupe miso à 20 h » : pas de problème j'ai un petit côté miso-chiste, « pour bien garder le ventre vide toute la nuit » : c'est sûr qu'à ce rythme-là je vais dégonfler comme un beau-druche… Pour moi ce sera un hommage aux malheureux assiégés d'Alep, qui eux n'avaient syrien à manger qu'ils en mouraient!

Premier jeûne, euh, premier jour : c'est bizarre, cette nuit j'ai rêvé d'une raclette avec des frites trempées dans du chocolat … 7H, je découvre mon petit déjeuner : purée de banane + 15 amandes : purée je ne peux pas dire que ça me donne la banane, me voilà mis à l'amende moi qui d'habitude en mange sans compter, et en plus je ne m'éclate ni avec le jus de grenade, ni avec la tisane du bonheur qui n'en a que le nom ! Je pars très ronchon au boulot (il y a dans chaque homme un ronchon qui sommeille). Vers 11 heures je passe de ventripotent à ventréloquent, un concert de tord-boyaux sans alcool qui aurait comme titre « chant d'une baleine pratiquant le BeatBox ». Je fais celui qui n'a rien entendu.

13H, j'ai les jambes molles. Ouf le déjeuner ! J'apprécie presque le bol de bouillon, j'en aurais bien repris un seau avec une demi-baguette pour tremper. J'ai une hallucination : les deux carottes qui flottent sont qu' huit ! Voici qu'arrive enfin ma salade complète, bien étalée pour donner l'illusion visuelle d'une assiette bien remplie. Une carotte et 3 radis coupés en rondelles (ça fait du volume),   2 dés de betterave (je suis joueur), riz rouge et lentilles corail (pour rassasier les yeux), un ½  avocat en cubes (j'allais justement l'appeler pour non-assistance à personne affamée), des graines de courge (allusion fine ?) et un mélange bio digne de Marc Veyrat lors d'un matin de cueillette faste à Manigod : persil+menthe+coriandre+ciboulette+aneth+curcuma+oignon, de quoi faire croire aux papilles qu'on va passer à table ! Je découvre le secret : manger lentement avec une toute petite cuillère pour faire durer, c'est ma mère qui serait contente. Et le fromage ? Et le dessert ? Comment ça même pas en rêve ? Je retourne bosser en me tenant aux murs …

16H30 la collation : une compote faite de 6 pommes … pour m'éviter de tomber dedans je suppose, avec une pointe de cannelle pour me réveiller. Ah zut je dois en garder la moitié pour demain, les fourbasses, si je suis encore en vie ! En plus c'est diurétique et laxatif, génial, pour ma réunion je vais plutôt me placer du côté de la porte. Quant à la tasse d'eau de gingembre servie avec du miel et du citron, il paraît que c'est un excellent pansement, dont je comprends l'utilité puisque je dois dangereusement râper 1 doigt de gingembre sans qu'il ait été précisé où je devais me le placer… L'apport soudain de sucre me rend euphorique - je dois pouvoir rentrer chez moi sans l'aide du SAMU- mais j'aurais bien saucé avec une tartelette aux carambars accompagnée de son beignet au Nutella...

20H, le dîner (de con ?) : la journée a été longue dans ma tête, mon sang appelant sa dose de sucre et de gras ! Moi drogué ? C'est vrai qu'au retour j'ai évité de passer devant le MacDo et la pâtisserie, j'ai failli dépouiller un papy en béret qui rentrait avec sa baguette sous le bras, et maintenant ça fait 1 heure que j'évite les placards de la cuisine qui bruissent de coquilles de pistaches entrechoquées et de clapotements de noisettes barbotant dans du chocolat. Qu'on m'achève, de toute façon je n'en ai que pour quelques heures.

Mais voici venir le cou de grasse : la tisane du bonheur si bien-nommée accompagnant l'assiette de légumes rôtis, la Détox a-t-elle été inventée par Sade ? M'enfin, le rôti dans ma culture c'est un demi-sanglier, un cuissot de chevreuil, une oie fourrée, c'est ronger les os et boire du pinot noir dans mon hanap, que diantre ! Et là je me trouve nez-à-nez avec du potiron (mes potes iront jamais dans ce resto), du panais (non ce n'est pas du poisson), et du topinambour (qui ne bourre pas un estomac dans l'état du mien) même si l'on me jure que c'est bon pour le thym ! C'est parti pour le nettoyage profond, pour le côlon ni de vacances ce soir, ni de sortie avec les tripes !

21H, se traîner amorphe devant la télé : zapping au menu : ma volonté vacille entre Cauchemar en cuisine et Masterchef. La vérité est au fond de la marmite, je me ferais bien La tournée des popotes, car Côté cuisine L'assiette brésilienne sortie des Carnets de Julie rivalise avec Le gâteau de mes rêves composé par le Meilleur pâtissier. MIAM, Oui chef, donne-moi Chef la recette. J'ai pris ma décision : il n'y aura pas de 2^ème jour de détox, stop, « c'est trooop duuuuurr ! » Je n'aurais, hélas, jamais la volonté d'une fille …