L'albatros veuf
yl5
Je suis un albatros veuf, errant, porté par le vent au-dessus de l'océan Pacifique, emportant l'âme d'un marin poète et solitaire, tombé d'un vaisseau mal arrimé au port.
Après avoir essuyé une tempête digne d'une fin d'un monde, depuis une bonne semaine, je vole inspectant un horizon inconnu, à la recherche d'une femelle pouvant assurer, charmée par ma plus belle danse, une nouvelle descendance.
Las, je dois maintenant me poser pour me reposer, et enfin je vois une terre, l'atoll semblant plus accueillant qu'une prison, mais là, mon attention est attirée par un singulier tandem évoluant sous la surface transparente du lagon ondulée par une douce houle.
D'un côté vu par l'humaine : un vil requin blanc, long comme mon envergure, et de l'autre vu par le lamnidé : une humaine déguisée en grenouille à bosse.
J'ai déjà vu ce type de duo, formant un tableau final coloré, tel le fanal suspendu à un bateau, survolé récemment non loin de la mer Rouge : bleu pour la peau de la pseudo-rainette, blanc pour le squale puis vermillon en fin du tango endiablé que le couple avait engagé.
Mais je reconnais même de loin ce sombre héros de la mer, devenu spécialiste incontesté dans le milieu buticulamacrophile, depuis ce jour où charognant une épave ornée d'un tissus tricolore fin de tango, il brisa dans la cale une sorte de coffre qui se mit à saigner, et dont il s'en délecta tel un vampire de comptoir.
Cela lui plût tant qu'il devint obsédé par cette quête, comparable à un pèlerin composteur, le rendant marteau au regard de sa tribu.
Ce requin qui n'a pas la paix rôde autour de toute tricolorité prospectant chaque filon de ce sang en caisse.
Quant à l'humaine au noir désir, malgré son indéniable allant, elle semble moins brave avec son ridicule harpon devant ce molosse dépassant le quintal, et qui n'en fera qu'un toast à qui lui amènera un pain de mie entier.
Mais ici, pas de ballet, chacun s'observe à l'envers à l'endroit, dans la plus parfaite immobilité, et la batracienne d'opérette, un temps hystérique semble maintenant hypnotisée par le regard du charcotier, dont j'aperçois la face caractéristique d'un lendemain de cuite avec l'œil droit injecté de sang et l'autre fermé pour cause non affichée, position le forçant à ne pas bouger ni queue, ni tête pour éviter un mal de crâne insupportable.
Le rémora personnel du géant blanc tourne en rond comprenant l'attitude de son compagnon de route pour le pousser à goûter cette proie toute crue.
Mais rien n'y fait, il n'attaque pas, et elle terrorisée ne bouge plus, simplement chacun se rapproche de la surface où flotte le canot, son unique chance de survie si elle parvient à s'y hisser tout en sachant qu'au moindre mouvement brusque elle risque de sortir son adversaire d'une torpeur dont elle ignore la cause.
L'Adam de la mer cuve et l'Eve reste paumée imaginant un requiem requinquant lorsque à force de remonter ils émergent.
L'air frais réveille le monstre lui ouvrant l'œil gauche qui découvre le drapeau du canot réunionnais et saute immédiatement sur la naïade hexagonale ne lui arrachant que sa bouteille espérant recueillir l'hémoglobine transformant la sardine en éléphant de mer rose, tandis qu'elle réussit féline à remonter entière à bord de la chaloupe le souffle coupé.
Je me pose alors sur le toit terrasse en bois rouge du palace, puis m'affale ivre de fatigue, sous le regard ébahi d'une bande de bimbos bronzant discrètement leurs appas synthétiques.
Je connaissais les vampires de comptoir, ce sont ceux qui boivent dans tous les vers posés dessus. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Je connaissais les vampires de comptoir, ce sont ceux qui boivent dans tous les vers posés dessus. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Je connaissais l'albatros de Baudelaire...maintenant celui yl5 raconte une surprenante histoire :-)
· Il y a presque 6 ans ·Maud Garnier
Merci d'avoir lu cette histoire qu'un albatros quelque peu bavard m'a conté un soir de solitude !
· Il y a presque 6 ans ·yl5
surprenant comme texte!
· Il y a presque 6 ans ·arthur-roubignolle
Une histoire d'amour, un peu, mais qui a l'air de surprendre le vrai marin !
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Oui !(mais comment sais-tu que je suis un vrai marin?)
· Il y a presque 6 ans ·arthur-roubignolle
Par tes écrits et des commentaires que tu as déposé depuis que tu fréquentes ce site.
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Déjà qu'il va avoir du mal à redécoller, mais là avec tous ses seins siliconés...!!!
· Il y a presque 6 ans ·Louve
S'il écoute l'âme du vieux marin, qui sait s'il ne tenterait pas un abordage !
· Il y a presque 6 ans ·yl5
;) ;)
· Il y a presque 6 ans ·Louve
Le mistral s’était levé, chassant nuages et pigeons. Tout l’après-midi, les uns avaient pissé sur la ville, les autres en avaient conchié les toits. Les platanes, le long du boulevard, évoquaient des sentinelles au garde-à-vous, à peine décoiffées par les bourrasques. Imitant les contraventions, des feuilles mortes se collaient aux pare-brises. Des enfants couraient sur les trottoirs, ravis d’améliorer leur pointe de vitesse grâce au vent dans le dos.
· Il y a presque 6 ans ·Mon oncle n’était pas encore rentré. Il se trouvait à la bibliothèque municipale afin d’y dénicher un livre sur les albatros qu’un bouquiniste de ses amis lui avait conseillé. Il m’avait appelé pour me demander de l’y rejoindre, mais j’avais d’autres chats à fouetter. Il était tout le contraire d’un égoïste, m’agaçant parfois avec sa manie de vouloir à tout prix partager sa passion avec son cher neveu.
« En librairie, il est trop cher. Autant l’écrire moi-même. Raoul m’a dit qu’à la bibliothèque, il y en avait plein les rayons. Il faut toujours qu’il exagère. Je ne savais pas que cet oiseau plaisait à autant de monde. Je suis jaloux. »
Et il s’esclaffait.
Je croyais pourtant tonton capable de faire des folies pour son oiseau fétiche.
Etc, etc...
Mario Pippo
J'en connais un autre qui a écrit un truc sympa sur ce volatile !
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Yessssssssss
· Il y a presque 6 ans ·Mario Pippo