L'âmécanique

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Lui ne bronche pas. Statique. Masculin. Froid comme le marbre. Machine. L'attente est sa nature. Il attend qu'on le touche. Il attend qu'on le tape.

Elle, la folle virevolte. Avec ses cinq jambes et sa peau douce, elle fait la danse des sept voiles en s'approchant de lui. Elle hésite, trouve autre chose à toucher, fait du rangement autour de lui, puis convoque son reflet, un peu gauche. Elles sont deux.

Lui, statique toujours, mais grouillant d'impatience. Lustré, il attend qu'elle le patine. Il voit ces deux oiseaux qui bientôt fondent sur lui. Sous sa glace il sent bien qu'une sorte d'amour voit déjà le jour. Une attraction d'aimant, démente. Le contact imminent. S'il pouvait, il bougerait pour se rapprocher d'elles. Des secondes les séparent.

Plumes satinées elles atterrissent. Lui, un peu plus tétanisé. Elles vont le faire exister. De leur union naîtront des mots des phrases des sensations humaines des gens des effacements des coquilles. Elles soufflent une vie qu'il n'acquerra jamais, mais qui le touche. Sans elles il ne donnerait rien.

Elles touchent tapent pianotent s'impatientent enchainent les pas d'une danse que personne ne maîtrise, une valse endiablée. Elles suspendent une de leurs jolies jambes dans une hésitation toute féminine. Elles font des grands écarts, des pointes, des entrechats, des pas chassés sur lui qui crève d'amour.

Le cliquetis des touches se fait roucoulement transi. Il est touché. Il n'est là que pour ça.

Vagabondes elles repartiront. Mais reviendront. L'attente est sa nature.

Les machines n'ont pour âme que celle qu'on leur offre.

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