Poison fatal

lanimelle

Poison fatal


J'aime dans le temps distiller les souvenirs.

Je ne sais pas pourquoi me vient ca, cette pensée d'avoir été un serpent de feu, d'avoir dans nos vies mélangées, les fleurs et le sel, le poivre et la chaire rose.

J'ai l'impression d'une nostalgie, tes lèvres bougent et disent la vérité souvent ces derniers temps, nous n'avons jamais vraiment compris, posant quelques mots parfois, rarement, je préférais mettre mes lèvres sur ta peau, mélanger nos feux, parfois étincelants, parfois médiocres, parfois avortés, parfois divins, ouvrir ensemble nos corps dans la douceur, dans la jouissance ou je souris, ou je me sens à la fois le bruit de la mer, le vent dans les entrailles d'un arbre et puis le crépitement, l'effusion, le corps s'élevant jusqu'à l'enfer du ciel, plus loin que l'abandon absolu.

Nous pensions être d'une autre histoire, de celle qui n'a pas commencée et qui ne pouvait pas finir, un espèce d'ectoplasme avec deux âmes qui se matent, se perforent, se transpercent, s'imbriquent, se découvrent, se croisent, se décroisent, sans savoir, sans pourquoi, dans la normalité suprême de l'évidence.

La dernière fois quand je suis devenue un serpent de feux, je crois que déjà tu n'avais plus la tête là, je l'avais surpris dans quelques regards, je pensais je n'y peux rien, je pensais c'est ainsi, c'est le sort de tous ce qui nait, tout finit par mourir, je crois que nous sommes morts.

Hier dans la nuit le cauchemar est venu m'étrangler, tu étais là avec moi et tu  détournais la tête  pour embrasser une autre femme, je me suis réveillée pour respirer, brutalement, quelque chose m'avait bouleversé, je crois que de te perdre me bouleverse.

Je regarder notre mort lente, n'ayant aucune réaction, n'ayant même pas de vrais mots sensés à balancer, n'ayant que sur le bout des lèvres, secrètement, je ne regrette pourtant rien.

J'ai lâché les ténèbres il y a longtemps, tu t'agrippes à elles, je n'ai pas d'issu, je ne sais pas toi, je ne sais pas quand tu trouveras la sortie.

Il est assez merveilleux d'aimer, même comme je t'ai aimé, même en pointillés, même en point de suspension, dans le vide, je t'ai aimé pour rien, juste pour ca, juste pour t‘aimer, alliance charnelle, émotionnelle, extra sensorielle, il n'y a pas de doute maintenant que je regarde les cendres, après cette fameuse métamorphose, cette nuit qui ne fut jamais noire, cette nuit qui s‘étire dans nos mémoires, l'essence qui brule dans mon ventre,  le sang chaud, dans ma bouche, dans tout mon corps jusqu'à mes  yeux qui palpitent et repalpitent et repalpitent comme une tension immodérée, excitation, sans borne, le désir sur la peau, dans mes mains qui te touchent aussi, tu me touches encore quand je repense à ca, quand je te sens maquiller mon dos, le feutre qui s‘enfonce dans la peau, ta voix qui dit « ne bouge pas » .

Toujours avec des  feutres qui se lavent.

On a jamais fait exprès pour ca aussi, on prenait ce qui nous tombait sous la main.

Ensemble nous étions l'éphémères, de si petits éphémères.

Décédés ensemble en une nuit, éblouis par la fausse lumière.

L'animelle

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