L'anneau lui brisait les os

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Son cri me hantait encore...

  Il s'y accrochait comme une tique, à ce souvenir, ce venin apaisant. Il m'en avait parlé, une fois, sans savoir que j'avais été témoin de cette horreur.

  Ses mains fondaient littéralement sur le grillage décoré de barbelés. Ses hurlements m'alertaient, moi pourtant si loin.

  Derrière ma fenêtre fermée, ces sons stridents la faisaient vibrer. Moi, sur la pointe des pieds, j'enjambai mes sept petites années pour voir ce qu'il se passait dehors.

  Le petit garçon implorait de ses mains rouges un dernier signe. Il suppliait un homme, un homme qui s'en allait, une ou deux valises à la main. Tellement perçante, la voix de cet enfant me parvenait comme une détresse.

“ Papa ! Papa ! S'te plait ! Me laisse pas !”

  Les mots avaient beau lui sortir des entrailles, son connard de père faisait la sourde oreille. Les blessures de son fils ne semblaient même pas réveiller chez cette créature une once de tristesse : à sa hâte soudaine, j'aurais dit qu'il l'agaçait.

  Pourtant, dans son empressement, un anneau glissa de son index et tomba au sol, faisant régner dans ce brouillard un tintement de désespoir. Sans le remarquer, l'homme démarra sa voiture et disparut. Mon cœur trop jeune pour comprendre se fendit en deux, sans raison sûrement.

  Le petit garçon se jeta sur ce bien, ce seul souvenir. Il enfila à son doigt l'anneau du monstre qui l'avait abandonné...

  Il s'y accrochait comme une tique, à ce souvenir, ce venin apaisant. Il ne savait pas que trop espérer le détruirait, briserait son cœur et les os de son âme.

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