« Il n'y a rien. Il y a tout. Il y a les ténèbres, il y a la lumière.
(…) Danse du Malin dans ce sombre univers.
Rage engendrée par un ballet d'éléments neutres et pourtant si puissants.
Tellement fort qu'on ne peut y voir que de la beauté. Tellement grand que l'on ne peut que s'en émerveiller.
Il anéantit ce Rien comme s'il existait. Il anéantit ce Rien comme si tout cela vivait.

Mais tout est mort déjà, rien n'est encore né.

Pourtant, tout explose, souffle, souffre, brûle, craque et crépite. Mais rien ne voit, sent, pleure ou même hurle. C'est une vision aveugle, un sentiment étouffé, une larme sèche, un silence assourdissant.

(…) Puis de ces cendres se relevèrent des ombres floues. Manipulées dans leurs corps impalpables par ses mains électriques.

(…) Possédées par l'esprit malin, possédées par ses effluves bestiales, possédées par cet esprit manipulateur, ces délicates silhouettes se laissaient guider telles des esclaves résignés.

(…) Satisfait de son œuvre,
Son regard insidieux,
Caressait comme une pieuvre,
Leurs inavouables vœux pieux.

Sentant alors une confiance aveugle s'installer dans le cœur de ses sujets abusés, le Malin prit donc plaisir à les soumettre à son désir créatif. Les créatures, unes à unes, se rapprochaient de leur Maître sans la moindre méfiance, tandis que celui-ci se gaussait de leur innocente naïveté.
Quelle joie de les voir ainsi asservies et sans la moindre défense. Il était trop tard pour reculer, il était trop tard pour se retourner et trop tard pour y échapper.

(…) Création d'un monde charnel et aurore d'une nouvelle vie.
Célébration d'une ouverture céleste vers un passage improbable.
(…) Les plus téméraires se jetèrent à corps perdus dans la douceur intolérable de ce brasier. Les cheveux dansants et les lèvres humides (…)

Esther J. Hervy @2012