L'après "Nous"

ally-b

Lettre à l'homme que j'aime

Même sans toi, je suis challengée.

Te rencontrer et vivre une histoire d'amour avec toi a été un cadeau incroyable. Tu es venu colmater ça et là des petites entailles que je porte en moi depuis toujours, avec ton amour, ta tendresse, tes attentions de tous les instants. Etre avec toi, construire ce NOUS a été une aventure sublime, c'était comme d'assister à un coucher de soleil extraordinaire, tous les soirs.

Dans cette bulle où juste notre idée de la perfection existait - qu'est-ce qu'on était heureux ! Des instants de pur bonheur, de véritables moments de joie, de complétude, où rien ni personne à part toi et moi, ne pouvait exister. Notre histoire m'a bouleversée tu sais - Toi, tu m'as bouleversée, renversée, secouée, faite trembler, vibrer... d'amour d'abord et ... non pas "et" d'amour essentiellement. Car au final même lorsqu'il s'agit de nuages et de larmes, au fond nous parlons toujours d'amour. Même dans les désaccords, les incompréhensions, les agacements, nous parlons toujours d'amour. 

Tu te demandes sûrement où va cette lettre, quel est son but, et bien moi aussi mais ... je me laisse porter vois-tu, car aujourd'hui t'écrire est la seule chose dont je sois capable. T'aimer de loin est la seule chose que je puisse faire pour le moment. Peut-être que ça te semble absurde car il paraîtrait que "quand on aime une personne, on reste avec elle". Et bien je ne suis pas d'accord, non, je pense que l'on peut s'aimer et ne pas ou ne plus pouvoir être dans une relation de couple, pour maintes raisons. On peut continuer à s'aimer et à la fois avoir besoin d'être sans l'autre.

Tout peut se concevoir en amour, même l'inconcevable.

Notamment lorsqu'il y a de grosses douleurs, des entailles sérieuses, des questions dont les réponses font mal, ou divisent -l'amour fait de son mieux pour crier qu'il est le plus fort, seulement ça peut ne pas suffire, en tout cas pas dans l'immédiat et c'est OK. Oui aujourd'hui je me dis que c'est OK de ne plus trop savoir comment on pourrait faire à deux, mais de savoir que ça passe d'abord par UN, par moi. Avoir cette conviction, au fond de soi, le sentir comme une nécessité absolue, c'est OK. Se séparer en s'aimant, mais se séparer pour ne pas risquer de s'abîmer est parfois, est toujours, le plus juste à faire, même si ça fait un mal de chien.

Etre sans toi, hors de la bulle, quelle qu'elle soit, m'éloigne doucement des peurs, de l'insécurité et de la douleur de ces jours sombres post 18 juin -  Etre sans toi, m'aide à me reconnecter à moi mais aussi à nous, dans ce qu'il y a de plus beau, dans mes plus beaux souvenirs de toi, LL. J'ai besoin  de place, d'espace, pour me rappeler les soleils et non les nuages, j'ai besoin de sourire de nouveau en pensant à nous, plutôt que de pleurer. 

Il y a un risque, dis-toi bien que je le sais, celui que l'on s'éloigne pour de bon, qu'à être trop longtemps l'un sans l'autre, on ne se retrouve jamais, quelque soit la manière. Mais il y a un risque bien plus grand, à mon sens, à se maintenir dans quelque chose de flou et trop proche de la douleur de cette fin-là, celle qu'on a vécue.

Tu m'as écrit que tu attendrai et que personne ne me remplacerait. Ce sont des mots d'amour qui crient sur l'instant l'absence et la peine - et non une promesse en laquelle je veux m'attacher, parce que nul d'entre nous ne peut prédire l'avenir ... Tes "je ne partirai pas" bien qu'ils aient été merveilleux à entendre, en sont la preuve. Alors non, plus de mot qui promettent, plus de plan, plus de "jamais" ou de "toujours". Laissons-nous porter et gardons ce que nous avons été, ce que nous sommes l'un pour l'autre.

(Mon coeur me dit de rajouter quand bien même, un "personne ne te remplacera aussi mon ange...") Je m'exécute.

Pour finir, si une fée (oui toujours la même) apparaissait là devant moi, voilà ce que je lui dirais : 

"S'il vous plait, faites que chacun de nous chemine dans la quiétude, s'épanouisse et s'apaise, assez pour trouver à l'intérieur de lui des ressources sécurisantes, des ressources de confiance, afin de ne plus avoir peur d'être abandonner, afin de ne plus faire peser cette blessure sur l'être aimé.

S'il vous plait, un jour, lorsque ce sera le moment, faites que l'on se retrouve lui et moi, que les papillons soient toujours là et que nos envies se rejoignent en Italie, en Provence, au coeur de notre intimité, sans barrière, sans trop de peur, qu'elles nous amènent au coeur d'une construction à deux mais pas que ... Entourés cette fois, entourés de ces fameux gens dans le jardin tu sais, d'un chien, des chats, d'enfants, de vie ... parce qu'on n'aurait plus peur de faire entrer du monde dans notre bulle - on n'aurait plus peur d'en sortir non plus, ni de se quitter quelques heures, quelques jours. On serait alors libres de s'aimer, fort, très fort, parfois en criant, parfois dans les silences, sans que jamais plus aucun de nous n'en tremble."

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