L'art de la chair

ghilem

Un hymne à l'érotisme.

Ce n'était pas ma première fois, loin de là. Ce n'était pas ma première fois, et pourtant, je frémissais comme un jeune homme qui vient d'exposer son corps nu devant son partenaire. Moi, j'étais encore habillé, mais je ne savais pas exactement ce qui m'attendait, sinon un moment de plaisir intense.


Nous nous connaissions depuis près de trois ans maintenant, et nous n'avions même plus besoin de parler pour nous comprendre. Il me souriait et posait un regard sur le lit, c'était comme un ordre pour moi, un ordre auquel j'obéissais avec plaisir, m'allongeant dessus en lui rendant son sourire comme signe d'invitation.


Il aimait prendre les choses en main, et il attendait rarement lorsqu'une occasion de jouer se présentait. A peine était-il arrivé près de moi qu'il m'effleurait le ventre d'une main, détachant les boutons de ma chemise sans me lâcher du regard un instant. Je me retrouvais ainsi nu, offert à son regard presque carnassier, qui dévorait la moindre parcelle de ma peau.


Il m'avait prévenu, plusieurs jours avant, que nous tenterions un nouveau jeu, sans me dire quoi exactement. C'est seulement lorsqu'il sortit des cordes et un bandeau que je commençais à comprendre. Toujours sans un bruit, il m'attrapa les épaules pour me relever, me faisant m'asseoir sur le lit. Ce fut ensuite au tour de mes jambes, qu'il pliait pour m'obliger peu à peu à me mettre à genoux. Cette absence de communication et ces mouvements qu'il me forçait à exécuter m'excitaient toujours au plus haut point, j'étais une matière brute, et il était mon sculpteur, me façonnant, embrassant la moindre de mes formes avec ses douces mains, son souffle seul venant briser la quiétude de cette communion. Moi, je faisais tout pour apprécier ça, cessant de respirer pour pouvoir l'entendre, posant mon regard sur lui quand il passait devant moi.


Mon regard, c'était ce qui lui plaisait le plus chez moi, il l'avait déjà avoué plusieurs fois, et pourtant, cette fois, cela le troublait, brisait sa concentration extrême. Il avait déjà une solution à ce problème, le bandeau que j'avais aperçu peu avant. De ses doigts habiles, il le passait autour de ma tête, le nouant avec force à l'arrière, ce n'était qu'un geste, mais il me faisait comprendre qu'il voulait que tout soit entre ses mains, au moins cette fois-ci.


Cette perte soudaine de l'un de mes sens rendait le tout d'autant plus agréable, puisqu'il était ainsi aisé de se laisser emporter par la fougue de mon compagnon, mon aveuglement me laissant encore plus offert à ses moindres besoins. Cette chute dans l'inconnu pris fin quand il attrapa l'un de mes poignets, nouant une corde autour de celui-ci avant de tendre mon bras, vers le bas. Il m'attachait le bras au pied du lit, et il fit de même avec l'autre, m'obligeant à courber les épaules vers l'arrière, mon torse étant ainsi offert comme si je n'étais qu'un vulgaire sacrifice à une divinité sauvage.


Mon partenaire prenait un peu plus de temps à me diriger, je sentais son souffle chaud tout contre ma peau, il m'appréciait du regard et du toucher, caressant mon ventre de ses deux mains en se tenant à genoux derrière moi. De temps en temps, il me récompensait par une petite morsure au cou, ce qui déclenchait un rire chez moi, tandis que je m'agitais. Je réalisais alors à quel point j'étais à sa merci en sentant mes mouvements réduits, et la lente douleur qui commençait à remonter mes muscles tétanisés, bloqués dans cette position. Cette douleur faisait ressortir tout ce que je pouvais ressentir, y compris le plaisir, se mélangeant à cette dernière sensation pour m'offrir un bonheur nouveau, un délice auquel je m'abandonnais sans honte, laissant échapper de petits gémissements en espérant qu'ils parviennent aux oreilles de mon compagnon.


Ce dernier s'attela ensuite à m'écarter les genoux, pour offrir plus encore ma nudité à son regard que je ne pouvais pas apercevoir, sans pour autant que cela ne m'empêche de le ressentir. Il posa ensuite sa main sur mon menton, le caressant amoureusement tout en le redressant. Je me devais d'être présentable et il me dirigeait pour que je le sois. Après de longues secondes, qui paraissaient être des minutes, j'entendais ses pas sur le sol, il avait quitté le lit. Il tournait alors tout autour de moi, et de légers cliquetis se faisaient entendre, il me prenait en photo. Grâce à lui, je transcendais mon corps, et à travers la lentille, je devenais œuvre d'art.


  • J'ai aimé , belle écriture . N'hésitez pas à publier, moi, je lirais ... Si ça vous dit, j'ai mis deux nouvelles pour ce concours . Bonne chance, pour moi, en tout cas, vous pourriez gagner.

    · Il y a environ 9 ans ·
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    Chris D

  • Je vote, ne serait-ce que pour (enfin) une histoire pas hétérosexuelle...

    · Il y a environ 9 ans ·
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    arthur-roubignolle

    • Merci bien à vous, et heureux de vous sortir de l'habitude!

      · Il y a environ 9 ans ·
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      ghilem

  • J'ai beaucoup apprécié. Très beau texte! C'est un plaisir pour les yeux, car il est magnifiquement bien écrit. Vraiment très sensuel et électrique. Bravo.

    · Il y a environ 9 ans ·
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    Amélie

    • Merci beaucoup! C'est la première fois que je publie quelque chose sur un site, donc cet encouragement signifie beaucoup pour moi!

      · Il y a environ 9 ans ·
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      ghilem

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