L'assasin

Joelle Cambonie

Meurtre d'une brosse à dent

Je te rends là hommage,
Pour ton travail et ton courage
Cette scène aujourd'hui immortalisée,
pour m'accuser de ne m'être pas interposée.

Petite et rousse, elle avait une chevelure, certes devenue rare
avec les semaines passant, mais non moins utile,
pour un matin au moins encore.

Fine, elle avait pour habitude de se faufiler hardiment matin et soir,
temps de pluie, temps de chien,
traversant contre vents et marées les espaces à nettoyer.

Partie un soir à Paris, pour une nuit agitée
où elle n'eût même pas le temps de travailler,
elle n'en revînt jamais…

En effet, au lever, la trouvant vieille et la chevelure trop molle,
il l'attrapa violemment, et, dans un rire qui résonne encore,
l'envoya à terre, se cogner la tête contre le pied des toilettes.

C'est là qu'elle fût déjà assommée.

Profitant de son évanouissement,
il la fit disparaître définitivement
dans une haute tour blanche et cylindrique,
morgue métallique,
dernière demeure de cette compagne hygiénique.

Ce poème est pour toi,
ô brosse à dent fragile et sobre,
assassinée par mon amant,
un beau matin d'octobre !

Sachez-le bonnes gens,
Parce que mon amie vécut si peu de temps,
Je me méfierai maintenant
Des gestes violents de mon amant !

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