L'aveugle

Je sais les étoiles et les cœurs

Je les imagine désormais

Pour leur donner corps

et en connaître la beauté

je les voies mieux encore

que mes yeux dans le noir

qui me noie de toutes parts

Il m'apprend à vivre, à être

et surtout à connaître

Le mal et les hommes

sous toutes leurs formes

au-delà de leurs enveloppes

Leurs recoins et ressorts

grâce à mes yeux morts

Je n'étudie leurs visages

de mes mains qui les dévisagent

que pour sécher une larme

Ou tuer leurs drames

Je ressens le Mal qui les ronge

qui m'anéantit souvent encore

jusqu'à éteindre mes songes

de tous mes os, mes pores

Mais je sais, comme d'instinct

L'homme Bon, l'honnête homme

l'homme de Bien

par l'éclat qui les embaume

leurs mains et cœurs

leurs visages, voix, odeurs

me les laissent entrevoir

jusqu'à me parler d'eux

tant que je puis les voir

jusqu'à dessiner leurs yeux

tant qu'ils me donnent à croire

encore à des soleils ou en eux.

Les ressentir, jusqu'à leur donner corps

pour s'approcher de La Vérité qui reste

Ma différence souvent me leste

Mais, Aveugle fut mon or.