Le banc au fond du parc (extrait)
Thierry Soria
HUGUETTE
(A Germain.)
Lui, mon homme. Mon man, dire à vous… hello !
(Silence où lui la regarde comme une extraterrestre.)
GERMAIN
Il prend une forte inspiration puis se lève avec grandeur.
Madame !
Huguette cramponne son sac.
Je suis au regret de vous dire que je parle parfaitement le francophone et ayant reçu dés mon plus jeune âge une éducation des plus stricte ! J'me présente ! Germain ! Dit « la fleur » !
Il la salue du chapeau
HUGUETTE
La fleur… comme la fleur de l'âge ?
GERMAIN
(Décontenancé.)
La fleur ! La fleur ! La fleur !… Comme une fleur quoi ! Un parfum, une couleur !… Enfin quoi, la beauté du monde… à l’écart de l'être humain… Ce dernier ayant pour habitude de tout dégueulasser.
HUGUETTE
Hé, bé ! C'est plus une fleur… c'est un pot pourri ! Huguette Simoni ! Dit « guéguette » !
Elle lui tend la main.
GERMAIN
Il lui prend la main en se courbant.
Madame !…
HUGUETTE
Elle s’empare de l’urne et la pose entre eux deux.
Mon mari : François !
GERMAIN
Commençant à se courber.
Mons…
Il se penche afin d’observer l’objet. Un coup à gauche, un coup à droite.
Réalisant que c’est une urne, il se recule prestement vers le premier plan sur la droite du banc puis lui tournant le dos.
(A part)
Ah ! Non mais c'est y pas possible d'être aussi déglingué…
Elle pose ses deux mains sur les côtés de l'urne afin de lui boucher « les oreilles ».
HUGUETTE
Dites sans trop vous déranger…
GERMAIN
Sans se retourner.
(Sèchement.)
C'est déjà fait !
HUGUETTE
Vous pourriez faire la mer ?
GERMAIN
Yeux écarquillés puis tournant la tête dans la direction d’Huguette.
(Interloqué.)
Vous dites ?
HUGUETTE
Non, parce que je lui ai dit que je l'amenais au bord de l'eau… Mais pour moi ça fait trop loin vous comprenez ?
GERMAIN
Détournant son regard.
Oui et bien moi je n'ai pas envie de comprendre.
HUGUETTE
Si vous pouviez faire… je sais pas moi !
GERMAIN
(Coupant court.)
Et moi encore moins.
Il s’ajuste le chapeau.
HUGUETTE
(Regard illuminé.)
Té ! Le bruit des vagues !
GERMAIN
Il se retourne lentement afin de se retrouver de profil.
De son index il fait basculer son chapeau sur l’arrière de son crâne.
(Consterné.)
Vous voulez que je fasse le rouleau sur votre pot d'moutarde ?
HUGUETTE
Qué ! Pot de moutarde ?… C'est mon François !
GERMAIN
Tête penchée légèrement sur le côté regardant l’urne.
Je ne voudrais pas vous effrayer mais votre mari a plutôt les pixels éparpillés…
Elle met ses mains autour de l'urne.
HUGUETTE
(Effrayé.)
Mais taisez-vous !… vous allez lui faire peur avec vos sottises !
GERMAIN
Il se déplace vers la place qu’il occupait auparavant sur le banc.
Dans l'état où il se trouve, je doute que monsieur votre époux puisse encore avoir la notion d'être.
HUGUETTE
Et qu'est-ce que vous en savez ? Vous avez déjà été mort vous ?
GERMAIN
(Il l'observe)
Mouai ! Je vois à qui j'ai à faire…
(A part)
Y a une desséché du bulbe, c'est pour ma pomme !
(A Huguette)
Désolé mais j'ai aut’e chose à faire. Madame, bien l'bonjour !
Il se couche en chien de fusil le chapeau sur la figure.
Merci à vous. Déménagement terminé, je vais pouvoir vous lire tous plus sereinement.
· Il y a presque 13 ans ·Thierry Soria
J'attends la suite.... Je m'amuse en lisant tes textes.
· Il y a presque 13 ans ·valy-bleuette
Hilarant...Bravo !!!
· Il y a presque 13 ans ·Pascal Germanaud