Le bébé

Apolline Mariotte

C’est mou, disproportionné et ça s’appelle un bébé. Quand il ouvre sa petite bouche en O, il laisse entrevoir un palais édenté, comme celui des vieux fossiles qui regardent passer les voitures, assis sur un banc avé le pastaga, les mains posées sur le pommeau de leur canne. Ses yeux bleu marine peinent à s’ouvrir tant ils sont sensibles à la lumière du jour. Les pieds en grenouille, ses petits poings fermés, de temps en temps, dans son sommeil, il sourit aux anges. Alors sa joue ronde remonte. Puis il tète, avec un petit bruit de mouillé. Son front se plisse. Les filles en sont dingues. Comme des bonnes fées, elles se penchent sur son berceau, béates. Et dire que dans vingt ans, le petit chou aura du poil au menton et chaussera du 47.

apollinemariotte.wordpress.com

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