Le bon temps de l'almanach.

Le bon temps de l'almanach, au gré des saisons, un fourre-tout pas si bête quand on y pense.

Une pincée de morale, des petites blagues inoffensives, beaucoup de système D dans tous les domaines, sur l'air du « y a toujours un petit quelque chose à faire » (Chatiliez, La vie est un long fleuve tranquille).

De l'art d'enfoncer un clou, ou des portes ouvertes, un bon moyen de laisser filer le temps, à l'heure où il n'y avait ni la télé, ni l'internet.

Aujourd'hui, comment réussir les boutures, ou la tarte tatin.

- Alors Monsieur le Marquis, la chasse a été bonne, de ce que j'ai pu en voir.

- Je compte sur vous pour ne point ébruiter la chose, vous êtes, de loin, le meilleur garde-chasse que …

- Enfin Monsieur le Marquis, vous m'offensez !

- Pardon mon bon, être noble ne vous rend pas infaillible.

Sans oublier la citation du jour, le croquis coquin, et j'en passe, il en faut pour tous les goûts, une sous encyclopédie en somme pour les gens de rien, et de bien.

Oui, pourquoi ne pas le remettre au goût du jour, avec quelques compromissions évidemment, et sevrer la jeunesse (de plus en plus jeune hélas) de ces machins qui abîment les pouces et les neurones.

Pas étonnant qu'aujourd'hui, il n'y ait plus de vraies cheminées, à l'ancienne, aucune concession volontaire à l'écologie, malgré leur charme, elles ne servent plus à rien, et il faut laisser la place aux écrans plats, de plus en plus plats et envahissants, aux consoles et autres machins qui brillent.

C'est un point de non retour, le rétro ne fait plus recette, ni dans la mode, ni ailleurs.

Même s'il est vrai aussi que les premiers confinements ont fait redécouvrir le charme des gîtes ruraux, près de la ferme et de l'étang, avec les oies agressives ou les ragondins, des plaisirs simples, surpris de voir que le temps peut s'écouler autrement.

Hélas, le mal est fait.

Le temps des petites exploitations et d'une campagne généreuse est révolu.

Avec un peu d'imagination morbide,on pourrait voir poindre dans les champs ces drôles d'épouvantails pendus, et il n'est pas ici qu'une question de perte de revenus.

Le temps de l'almanach, des cheminées, des lanternes, des noëls d'antan, de la tradition orale, des légendes, des superstitions, je pourrais continuer à l'infini la liste de ce qui n'est plus.

En attendant, on redoute de ne pouvoir recharger son smartphone ou sa voiture.