Le bonheur des archives

divina-bonitas

Chronique

Ah! Le bonheur des vieux papiers bien plus amusants qu'on ne pourrait l'imaginer!


Les multiples archives souvent en ligne aujourd'hui, permettent bien sûr de faire son arbre généalogique, mais surtout d'apprendre plein de choses sur nos ancêtres, de découvrir des métiers d'autrefois, de comprendre des drames mais aussi de rire.


Par exemple, je comprends qu'autrefois - XVIII° dans le Béarn-  on ne disait pas "sage-femme" mais "femme-sage" ce qui donne à cette profession un sens essentiel et au combien spirituel.


Je lis dans un recensement du XIX° "trois filles indigentes se nourrissant à la gamelle"...on les imagine les trois grâces pas bien futées, baffrant sur le dos de leurs parents et bonnes à pas grand chose...l'agent recenseur ne manquait pas de sens de l'observation ni d'humour.


Des métiers: maitre affaneur, brodeur de draps de soye d'or et d'argent, teneur de livres c'est à dire comptable et non libraire, receveur de l'octroi, conseiller en la cour des monnoyes...


Sur un acte d'état civil: née au romarin...ça fait rêver! On sent la garrigue et on entend les cigales chanter! Mais non, on est à Lyon où se trouve une rue Romarin.


Très amusant également d'examiner les noms de lieux - micro-toponymie - et de découvrir la raison de telle ou telle dénomination, de constater les racines linguistiques communes avec des pays voisins, de s'initier à la langue d'oc mais aussi à la langue d'oïl, de constater que tel village était tantôt français tantôt espagnol ou italien, que chaque culture a laissé sa trace, que tout cela nous raconte une histoire, la nôtre. Par exemple chez nous, ce lieu-dit du four au sommet de la colline, d'où les gens descendait le bois pour le four banal du hameau. Depuis on a construit des routes alors plus personne ne comprend la signification simple de ce lieu-dit, mais en se plongeant dans les cartes de Cassini, tout s'éclaire!


Et cet acte du tribunal d'instance prononçant la séparation de corps et de biens de deux époux, suite à une enquête témoignant de violences conjugales, où le greffier a écrit d'une plume tremblante: "interdit à Mr X de hanter sa femme de quelque manière que ce soit sous peine de poursuites de droit".


Mais aussi les décès mystérieux ou rigolos, tous ces messieurs décédés chez des dames qui n'étaient pas leurs femmes, tout ceci dit à mots couverts...et ces femmes de "la haute", parfois des jeunes veuves qui se déguisaient en soubrette pour courir le guilledous mine de rien le soir...et celles qui avaient des enfants sans pères mais habitaient curieusement le même pâté de maison qu'un homme retrouvé comme parrain sur les actes de naissance...j'ai même une aïeule qui est née sans père mais s'est faite enterrée avec un, un dont le prénom était en réalité celui du père de ses enfants parce qu'il fallait bien nous laisser une piste pour comprendre, que l'aristo qui l'aimait, notaire d'une étude renommée, n'allait quand même pas pouvoir épouser une petite couturière palloise.


Enfin toutes ces descriptions d'enfants trouvés aux portes des églises ou sur des perrons, tellement touchantes. Tout y est inscrit, les vêtements du bébé, les petits mots laissés par des mères démunies, les prénoms parfois qu'elles souhaitaient leur donner, les rubans de couleur, les couvertures et les bonnets de dentelle.


On apprend des milliers de choses passionnantes dans ces archives! Et plus besoin la plupart du temps de se déplacer, les archivistes sont très sympas et beaucoup d'actes sont en ligne. Ce qui est fou est de constater que les actes d'état civil en particulier étaient souvent bien mieux renseignés qu'aujourd'hui, fourmillent d'anecdotes, parfois d'abjurations, listent des tas de témoins avec leurs professions et leurs adresses, les femmes sont nommées par leur nom de jeune fille suivi de épouse d'untel, ceux qui ne savent pas écrire "n'ont point pu signer"...et de voir le soin méticuleux avec lequel certains vicaires tenaient leurs registres, avec tables annuelles et moult arabesques! Et parfois on trouve des plans de décorations "persiques" comme neufs aux fausses perspectives étourdissantes.



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