Le bonheur en entreprise
moiamy
Quel est le meilleur Chief Happiness Officer ? Une réponse naturelle désigne un canidé, voire un quadrupède qui se laisserait caresser en donnant du bonheur sans en être conscient.
Si c'est le cas, alors bonne nouvelle : nous ne pouvons être responsable du bonheur des autres. Et le meilleur Chief Happiness Officer serait en réalité un "Unintentional Chief Happiness Officer". Exit les "Chief Bullshit Officer".
Cela soulève la question du besoin qu'aurait une entreprise à rendre les gens heureux. Évidemment que venir avec une gueule de zombie tous les jours à son boulot, hormis si c'est une mine de charbon, ce n'est pas compatible avec le minimum requis, à savoir être cordial sans pour autant sur-jouer la commedia commerciale dell'arte.
Il existe tout un mouvement de start-up de l'économie sociale et solidaire (j'ai un ami entrepreneur qui a trouvé que "économie sociale et solidaire" c'était un super argument de vente pour faire baisser ses prix fournisseurs).
Ce mouvement revendique de vouloir changer le monde, et c'est noble. Bravo ! Mais pourquoi veulent ils aussi rendre leurs salariés heureux ?
Si votre objectif est de changer le monde, alors le prix a payer pour y parvenir est tellement énorme, qu'il devient incompatible avec la recherche du bonheur, sauf de considérer que la souffrance pour parvenir à l'excellence et la perfection est un des chemins possibles.
Il est plus judicieux d'attirer des talents avec les euros convertibles en bitcoin.
-Et pour ce prix, Madame, ce n'est même plus une compétence que vous achetez, mais une conscience.
Il y a une légende urbaine qui propage l'idée que parmi les médecins qui prêtent le serment d'Hippocrate, les meilleurs sont de purs sociopathes qui choisissent le magot de la chirurgie esthétique (Contre-exemple : Laurent Alexandre avait choisi l'urologie puis l'ENA avant de créer Doctissimo, le site pour hypocondriaques en phase maniaque).
Si tu veux avoir un Laurent Alexandre dans ta société d'économie sociale et solidaire, il va falloir cracher et certainement pas du Covid avarié.
Conclusion numéro 1 : Le monde changera quand les meilleurs médecins décideront d'ouvrir des cliniques du bonheur.
Conclusion numéro 2 : Il existe un documentaire produit par le National Geographic, "Free Solo", qui suit la préparation et l'ascension d'El Capitan par le grimpeur Alex Honnold. Une paroi verticale de 975 mètres, qu'il va attaquer à mains nues, sans cordes de rappels et encore moins de parachute.
A un moment du reportage, il se fait cette réflexion à propos de son amie qui est aussi grimpeuse : "elle recherche le bonheur, je recherche la perfection". Et c'est peut être à l'image des entreprises. Il y a ceux qui font le boulot dans une logique d'optimisation de leur bonheur, et d'autres qui veulent la perfection.
Le dernier quart d'heure du film est consacré au jour J. Le documentaire est une prouesse de réalisation technique, car les cameramen sur la paroi, qui étaient tous d'excellents grimpeurs, avaient eux comme consigne d'être invisibles pour ne pas perturber la concentration d'Alex. D'ailleurs il y a un documentaire sur le documentaire, où un des cameraman racontait qu'il évitait presque de respirer.
La montée était jalonnée de passages incroyablement difficiles, qu'Alex Honnold a dû répéter des dizaines de fois, si ce n'est des centaines. Ce jour là, à ce moment là, devant "The Boulder Problem", le caméraman qui filmait depuis le sol a détourné le regard de son écran (à 1h 25' 30" du documentaire) comme si le simple fait d'être spectateur pouvait déranger le grimpeur et provoquer sa chute. La suite d'enchaînements vous plonge au cœur de votre propre survie. Vous vivez littéralement chaque mouvement exécuté, vous ressentez chaque déplacement du corps du grimpeur, car aucun de ces mouvements n'a le droit à l'erreur. Imaginez un codeur qui reçoit comme cahier des charges : si y'a un bug dans ton programme, tu meurs !
Il y a ceux qui veulent changer le monde, et ceux qui regardent. Mais même avec la meilleure volonté du monde, la tension peut être trop forte pour ceux qui regardent.
Vu ce documentaire qui est captivant tout au long de la démarche solitaire du grimpeur qui s'interroge sur une vie possible en couple.
· Il y a plus de 3 ans ·Interrogé sur son exploit il dit : D'autres parois plus hautes seront franchies !
dechainons-nous
C'est un texte qui se médite ! :o) Moi il me fait penser à ce que l'on appelait "autrefois" " Les règles de l'art" ... Le savoir faire dirait on aujourd'hui. Et puis sont arrivés les jeunes requins qui eux pensaient fric, bénéfice et autres fadaises. Cette notion "start up" a tellement zappé l'art du savoir faire afin de favoriser l'art de savoir faire du bénef, qu'aujourd'hui des ponts s'écroulent, des immeubles s'effondrent, des gents s'intoxiquent, des gens meurent pour le simple appât du gain, un certain gouvernement français fait tellement de gaffes et de bévues qu'il en provoquerait presque une levée de gilets jaunes sous le signe de l'amateurisme... On a tout oublié hélas.
· Il y a plus de 3 ans ·daniel-m
Si c'est sous tension alors ;)
· Il y a plus de 3 ans ·flodeau
Regarder n'est pas un acte passif. :o))
· Il y a plus de 3 ans ·Hervé Lénervé