Le bonheur sur Terre

Hervé Lénervé

Je lisais chez le dentiste dans la revue « Mode et travaux » : « La Finlande est un des pays où les gens sont le plus heureux. » Pourquoi, ils ne vont jamais chez le dentiste, les Finlandais ?

D'accord ! Mais comme j'ai un esprit critique et rebelle à coiffer, je me demande, comme ça, comment ils peuvent bien mesurer le bonheur sur Terre ?

On peut regarder le nombre de suicide dans la population, c'est un bon indice, car il est rare de se pendre quand on pète la joie de vivre.

On peut aussi faire passer un questionnaire à un échantillon représentatif de la population en évitant les questions trop générales, du genre. « Etes-vous heureux ? » Au profit d'items plus relativistes, du genre : « Estimez-vous être plus heureuse chez vous, qu'en Afghanistan ? »

Le bonheur de se sentir heureux quelque part, fait aussi partie de l'intuition de pouvoir être bien plus malheureux ailleurs. Ok ! Mais quand même pour se sentir épanouie, il faut être dans un milieu favorablement épanoui. Un endroit doté d'une certaine qualité de vie générale. Météorologique, la Finlande, ratée au rattrapage, politique, sociale et cultuelle. Il y a la bouffe aussi, je ne sais pas ce qu'ils bouffent les Finlandais, à part des harengs à l'aïoli avec des frites. Mais ça, c'est culturel, on s'habitue à tout ce qui n'tue pas.

Pour conclure, on pourrait dire que les gens se sentent bien dans leur pays, quand ils ne vont dans d'autres que pour le tourisme ou pour les conquérir à la rigueur. Et inversement, que les gens se sentent mal chez eux, quand on ne les appelle pas des touristes, mais des réfugiés ou des occupés.

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