LE BRAQUEUR A L'IMPER

Laurence Marie Legrand

Enfin je rencontrais le seigneur et maître entre ses murs.
Certes ils étaient gris et ne portaient pas de dorures.

Mais je voyais arrivé ce grand bonhomme brun, à l'allure de félin et son mètre quatre-vingts.
Je l'avais connu sur papier glacé représentant une icône de beauté.
Je l'avais trouvé beau et élégant paré de cette jeunesse qui fait vivre à toute vitesse.

Après vingt huit années d'absence, le Magnifique me toisait tel un sphinx !
Il m'apprit avec drôlerie, qu'à l'aide d'un flingue, il avait fréquenté un milieu de truands, de braqueurs et de vauriens !!

Il avait pioché dans quelques banques afin de subvenir à ses manques !

Il purgeait douze ans de prison carrée et se gaussait d'en être le chef-cuisinier !

Pour le voir, j'avais traversé des barreaux de fers, des murs de pierres, des années d'interrogations tombées à la guerre !

Des aventures de ce drôle, de ce pirate à lunettes, de cet élégant à l'imper, je garde le souvenir d'un être au coeur âbimé de ne pas avoir su s'estimer.

Il ne me reste de lui qu'un dossier papier contenant tant de maux jamais prononcés.

Ce vieux gangster est mon père.

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