Le canapé cuir.(1)

Tout chargé de sentiments et de fleurs, je sonnais à sa porte, ne sachant plus où poser mes lèvres ni mon regard, tant les lys coupaient nos têtes et le tapis mon équilibre.

- Viens, entre ! Te prends pas non plus la queue du chat... tu m'embrassera après !

Sur le canapé, on arrêtait pas de s'empiler et de se soustraire nos mains, de les faire glisser les unes sur les autres, laissant parfois les gestes s'échapper le long de nos cuisses. On piquait à cœur des olives vertes et on terminait nos phrases dans des verres qu'on ne cessait de remplir pour mieux les trinquer et les boire.

- A la charrue avant les bœufs !

- A moins de temps qu'il ne faut pour cuire les asperges !

- Tchin !

- Tchin !

Dans cet abus de soif, nos langues se déstabilisaient, laissant des propos énigmatiques. Betty avait son fusil d'interrogations pointé sur moi, j'avais tout un chargeur de répliques à la ceinture:

- Alors t'aimes quoi si c'est pas indiscret ? Tu préfères la levrette à l'anisette, ou le biscuit à la cuillère ? T'aimes ça aussi la charlotte ?

- Moi j'aime toutes les pâtisseries, tant qu'elles sont faîtes à la maison. Les industrielles me donnent des allergies. Mon médecin dit que c'est à cause du glutamate des fonds de tartes !

- Moi c'est la crème qui me donne les fesses rouges !

- T'as essayé l'agar-agar ?

...