Le cauchemar Américain

jade

Alors c'est ça New-York ! Des lumières aveuglantes, des publicités à tous les coins de rue, des odeurs de graillon. J'ai l'impression d'avoir atterrit dans un barbecue géant. Sans parler de mes talons qui me font mal aux pieds, quelqu'un peut m'expliquer comment fait Carrie Bradshaw ? Et le pire de tout, le monde.

Je ne trouve pas mon chemin et marche des heures. J'ai besoin d'un café, ça au moins c'est facile il y a des Starbucks tous les 200 mètres. Mais qu'est-ce que je fais ici ? J'aurais dû rester dans ma campagne française.

Je poursuis mon chemin café à la main, ça va déjà mieux. Un homme arrive, pressé, me bouscule, mon café vole et atterrit sur mon chemisier.

-Mais c'est pas vrai, je déteste cette ville !!

-Quoi ? L'homme semble interloqué par ma réaction.

Il ajoute.

-Vous ne pouvez pas dire ça.

-Et vous, vous pourriez vous excuser.

-Vous n'aimez pas New-York ?

Mais c'est une blague. Ce type me renverse mon café dessus, manque de m'ébouillanter et dans cinq minutes il va m'engueuler parce que je n'aime pas cette ville. -Vous ne pouvez pas dire que vous n'aimez pas New-York!

-Mais pour qui vous prenez vous ? Je n'aime pas cette ville et je fais ce que je veux. Vous en revanche vous manquez sérieusement d'éducation.

Je tourne les talons et m'en vais quand quelqu'un me saisit par le bras.

-Mais ça va pas lâchez- moi !

-Je suis désolée mais je ne peux pas vous laisser dire ça. New-York est la plus belle ville du monde, tout est possible ici. Ça ne vous dit rien le rêve Américain.

-Alors écoutez-moi bien depuis que je suis arrivée je suis tombée sur un taxi qui a failli me tuer en se prenant pour un pilote de formule un, j'ai mal au cœur à cause des odeurs de fritures, je ne comprends rien à l'accent des gens et un goujat m'a renversé mon café dessus sans s'excuser alors pour le moment je connais plutôt le cauchemar Américain.

Le type se marre, je n'y crois pas, il se moque de moi. -Mademoiselle je crois que vous avez pris un mauvais départ avec New-York. Je vais vous montrer ce que c'est New-York.

-Ça ne m'intéresse pas.

-S'il vous plait, vous ne pouvez pas rester sur cette mauvaise impression.

-C'est vous qui me faites mauvaise impression.

-Ecoutez ! New-York c'est comme un livre, chaque jour est une nouvelle page, tout peut arriver.

-Oui même les pires rencontres apparemment.

Il sourit encore, c'est pas vrai, il a un problème !

-Vous on voit que vous êtes Française.

-Qu'est-ce que ça veut dire.

-Vous êtes une râleuse.

-Et vous un gros rustre.

Il rit, je sens que je vais l'étrangler.

-Vous avez un sacré caractère Mademoiselle.

-Et vous un manque de savoir vivre.

Il se marre encore, je rêve !

-Vous êtes très jolie quand vous êtes énervée.

-Quel cliché.

-Laissez-moi juste vous montrer mon New-York, si ça ne vous plait pas je vous laisse tranquille.

-Non !

-S'il vous plait. Je vous offre un café pour me faire pardonner.

-Et après vous me laisserez tranquille?

-Promis.

J'abdique et le suis. Nous marchons moins de cinq minutes.

-C'est ici !

Nous entrons dans un parc, ça sent les fleurs et l'herbe fraichement coupée. Un écureuil traverse l'allée juste sous mon nez. Des enfants jouent et rient. J'entends parler Italien, Chinois, Français…

Je regarde autour de moi cette étendue de verdure et je vois au loin les buildings, c'est à couper le souffle.

-Voilà mon New-York.

Je le regarde et là au milieu de Central Park cette ville me semble moins hostile, lui plein de charme et moi conquise. Il se penche vers moi, je sens des lèvres contre les miennes. Je crois que je viens de comprendre ce que c'est le rêve Américain.

Signaler ce texte