Le Chamonix orange.(7)

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Le peintre essuyait ses pinceaux délicatement, tandis que son modèle se rhabillait dans le contre-jour de la fenêtre. Ses seins finissant de pointer, l'admiration se faisait avec le recul.

L'avantage de travailler dans une industrie qui fabrique des petits gâteaux, c'est que celle-ci donne l'impression que tout sent bon autour de vous: du dessous des bras des gens à celui de leurs pieds. Chez Pâtisserie & Co, il y avait une odeur de fleur d'oranger qui tournait en boucle: la Gâche vendéenne se fabriquait à la quintuple tonne quand le petit Chamonix orange, et au meilleur de sa forme, tapait dans les 200 kg/jour. Autant dire que l'odeur de pain d'épices était d'une réalité toute secondaire.

Paul ayant auprès de Katia, validé par ses performances spirituelles les positions de la chaise et du Lotus, se voyait offrir son premier petit bureau avec vue panoramique sur un coucher de soleil d'où débordait au premier plan un palmier en impression hexachromique. En amont de cette affiche ridicule où le sable sentait encore le papier peint et la colle, une table en verre de 3 mètres en forme de banane, un Power Macintosh G3 bleu phtalo et une réédition de la chaise de Charles et Ray Eames, la fameuse EA 117, toute aluminium.

La stupéfaction de Paul était telle la surprise du chat découvrant la cuisine de ses nouveaux propriétaires: une patte en avant, une patte en arrière, une tête de ¾, le museau en retrait. Non, dans le bureau de Paul, il n'y avait pas encore de frigidaire à pâtés.

Avoir son premier bureau à soi, représentait pour lui une superbe promotion professionnelle, le nirvana de la réussite, le catalogue Manufrance en couleur... mais de là a avoir une banane et un palmier en décor ? Était-ce l'effet de sa nonchalance ou le type de chemises Hawaïennes qu'il portait de temps en temps ? Était-ce une macédoine de petits légumes afin de le déstabiliser pour de vrai ? Autant de questions sur lesquelles il ne voyait comment s'y prendre pour se donner de quelconques réponses.

Dans cet embarras et ce rôle un peu perplexe dans lequel la metteuse en scène venait de lui offrir son premier rôle, une sorte de trouille s'emparait de son impavidité, l'ivresse de son vertige. La nonnette l'avait-elle endimanché ?

Pris de spasmes et d'acidité gutturale, il s'enfonça dans L'EA 117 tout en prenant soin de détacher de l'assise, une petite carte de visite sur laquelle était inscrit : 'Pour ton petit cul, mon petit chou. '

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Pour les épisodes précédents, voir dans "Dossiers" en bas à droite.
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