Le chasseur magnifique.

Je lui fis la même plaisanterie et l'homme me reconnut aussitôt.

-         Ne tirez pas ! Je ne suis pas un sanglier.

Lui utilisa aussi la même répartie avec son franc sourire.

-         Ils disent tous ça ! la dernière fois, j'en ai vu un qui voulait se faire passer pour un chasseur.

-         Vous l'avez cru ?

-         Non, car les sangliers, à cause de leurs groins, n'arrivent pas à prononcer les « gleux » et quand il se vanta d'avoir déjà tué, le matin, un cendrier… Bang ! en plein dans le cendrier.

-         Et si c'était un randonneur avec un cheveu sur la langue ?

-         C'est le risque, certes ! De toute façon, comme on l'a mangé. Mais maintenant, qu'on en parle, c'est vrai que l'on a tous trouvé la viande étrange, un goût encore plus fort que du sanglier, on a été obligé de mettre un tas d'épices pour masquer l'amertume. Je crois que j'ai commis la boulette, en effet… tant pis, trop tard !

-         Dites, vous pourrez toujours dire que vous avez goûté à la viande humaine. Ce n'est pas très commun.

-         Je préfère ne pas trop en parler, car il parait que c'est illicite.

-         Vous avez raison, il faut rester prudent avec tous ces gens mal intentionnés, ils pourraient vous dénoncer.

-         Ah, là, moi, je n'aime pas les corbeaux… Bang ! en plein vol

-         Mais ils ne volent pas.

-         Ça, je ne sais pas, je ne les connais pas très bien et quand je les observe davantage, ils sont à terre, les bras en croix, donc… à savoir s'ils volaient mal ou même pas du tout, je ne saurais vous le dire. Par contre, je ne mange pas de corbeaux, j'ai essayé, une fois, c'est dégueu !

-         Je vais vous donner un indice pour reconnaître les vrais corbeaux. Ils ont de petites lettres, découpées dans le journal, collées au bout des doigts.

-         Merci, cela peut m'être utile à l'avenir.

-         Et les écureuils vous les tuez ?

-         Non ! Je les tire, certes, pour le sport, mais je les rate toujours, car ils sautent trop vite.

-         C'est l'intention qui compte.

-         C'est aussi ce que j'ai dit à ma femme après qu'elle m'ait fait remarquer que mon bouquet était minable.

-         Et elle vous a pardonné !

-         Je ne sais pas, elle a juste dit « Haaaaa… » après mon Bang !

-         Je me sauve. Je vous laisse à votre bel ouvrage, car je vois que vous avez encore pas mal de pain sur la planche. Puis le temps se couvre, ne me tirez pas dans le dos.

Je vais essayer, mais partez en courant en zigzaguant quand même, on n'est jamais assez prudent. Allez à la prochaine, peut-être… si je vous rate !