Le château de l'âme.

Le « vague à l'âme », la seule expression qui ne m'indispose pas avec ce machin abscons qu'on nomme « âme », peut-être pour la jolie musique et un rythme un peu anglo-saxon.

Pour moi, l'âme évoque plutôt un truc visqueux, un peu comme une méduse, privé de corps et de sensations, enfin de tout ce qui fait le sel de la vie.

Sans parler des bondieuseries qui ont fait tant de dégâts au temps des ténèbres, que n'a-t'on fait faire aux hommes pour ce bout de chiffon abstrait ?

A trop vouloir sauver son âme, on la perd.

Moi je comprends qu'on puisse faire tout pour sauver son boulot et protéger ceux qu'on aime, ça c'est du concret.

Ces mecs qui disent avoir « mal à l'âme » feraient mieux d'aller consulter et de chercher un boulot.

Ce n'est pas le désir de « l'après » qui paie le loyer.

Je ne suis pas comme Saint Thomas, un verre de trop, et on est prêt à croire n'importe quoi.

Et il n'y a pas que l'alcool pour forcer les miracles.

« L'âme vagabonde » me plaît bien aussi, c'est romantique à souhait, et puis c'est du rêve, ni la cilice, ni le glaive.

Aujourd'hui on dirait le crack et le mortier.

Être « terre à terre », sans tomber dans le piège des plaisirs, soi-disant, accessibles à tous, sans vouloir acheter le dernier modèle d'écran, plat ou concave, on pourrait continuer la liste à l'infini, la technologie aura toujours ses clients, c'est pour ça qu'on avance plus vite dans ce domaine que la recherche concernant, voyons, au hasard, les maladies rares peut-être ?

« Du baume à l'âme », encore une belle connerie, ce qui ne peut avoir ni plaies ni blessures, et encore moins ressentir la souffrance, n'a nul besoin de baume.

Ce sont les corps, de chair et d'os, qui ont besoin de soins.

Certains diront : et le spirituel dans tout ça ?

Allez poser la question à ceux qui souffrent vraiment, qu'on laisse dans les couloirs, faute de temps ou d'effectifs, mais parfois aussi parce qu'on ne peut plus rien faire pour eux.

Les profits appartiennent au présent.

Toujours la même arnaque, tous ceux qu'on délaisse au bord du chemin et dans les couloirs, penseront au sort de leur âme, c'est bien ce qu'on leur a dit, et puis, pas de budget qui s'ajoute à la dette abyssale, laissons faire les religieux de tous bords, c'est tout bénéf.

« l'âme » a cet avantage qu'on peut l'habiller comme on veut.

C'est un peu comme la fée rose ou le magicien bleu de notre enfance un peu gnangnan parfois, il faut bien le dire.

Si tu es sage et te soumets, tes vœux seront exaucés.

A l'âge adulte, on commence à s'impatienter.

« Et si que j'me s'rait fait avoir, à l'insu de mon plein gré ? »

Faut-il ici détailler l'arnaque, il faudrait passer en revue tous les siècles passés.

Loin de moi l'idée qu'il ne faut jouir que de son corps, même si dit comme ça c'est logique.

Comme les promesses des politiques de toutes les époques, la religion est un atout dans la vitrine.

Il faudrait inventer un label pour ne plus se faire avoir ou risquer d'être intoxiqué.